Dans les coulisses de l'innomable, la banalisation du mal se révèle à travers un dispositif de distanciation, où l'absence de trame narrative n'appuyera, que plus encore, l'horreur qui fait pression sur l'image, incitant le spectateur à traquer cette terreur dans l'invisible. Ici situé, dans l'hors champs, dans l'intelligence du téléspectateur et dans le bruit ambiant omniprésent jusqu'à inonder l'image, de sa couleur rouge !
Le devoir de mémoire s'accomplit par cette distanciation, révélant un climat froid qui juxtapose l'idée d'une famille idéale humanisée malgré son affiliation nazie.
Cinématographiquement, les cadrages picturaux et la colorimétrie chatoyante enveloppent l'observateur dans l'inconfort de contempler cette famille. La caméra voyeuriste intensifie cette proximité, tandis que Rudolph, malgré sa compassion sélective (lilas et son pur-sang), incarne, en toute banalité, un bon fonctionnaire dévoué à son travail. La passivité des habitants contribue à l'illusion que l'horreur a disparu pour eux, stimulant l'attention du téléspectateur.
Le film explore l'irreprésentabilité de la Shoah, par un Éden adjacent à l'horreur. Ce qui pourrait nous sembler comme la normalité est capturée en négatif. Ce film rempli d'allégories exprime l'innocence qui contraste avec le mal omniprésent, exigeant la participation du spectateur pour reconnaître l'aliénation inhérente à cette réalité.
La prise du conscience n'intervient qu'à deux moments, une fois aux yeux d'une visiteuse et l'autre, lors de la descente des escaliers, métaphore de la psyché du personnage principal provoquant, forcément, des vomissement.
Aujourd'hui, l'horreur se cache dans des objets et des traces du passé, questionnant notre capacité réelle à les percevoir.