Labyrinthe est un de ces films qui, dès qu’on les découvre, nous font regretter de ne pas les avoir connus plus tôt. J’aurais adoré étant enfant ; en tout cas, en le voyant, je me suis senti retomber en enfance.
L’héroïne est Sarah, une adolescente à l’imagination fertile, comme en atteste son goût pour les contes ; on y fait allusion dans les dialogues et par le biais des livres aperçus dans sa chambre. L’un d’eux est un livre fictif au nom du film, Labyrinthe, que Sarah semble vouloir connaître par cœur, recréant des scènes dans un parc, en tenue de princesse.
La jeune fille est désespérée de quitter son quotidien. Une fois encore, elle est obligée de garder son petit frère tandis que les parents sont de sortie. Elle s’imagine alors dans la peau de l’héroïne du livre, et que le roi des goblins est amoureux d’elle. Il lui suffit de prononcer une phrase pour que le bébé soit enlevé par le roi.
Et le conte devient réel.
Le roi goblin se présente à Sarah, qui regrette aussi tôt sa requête, et il lui donne 13 heures pour traverser un labyrinthe et récupérer son frère dans son château.
Je ne comprends pas pourquoi le roi prend le bébé et donne immédiatement la possibilité de le récupérer, pourquoi 13 heures, pourquoi il persécuté la fille dont il est supposément amoureux, …
Mais whatever.
Je ne me suis pas attardé là-dessus plus que ça, parce que j’ai de suite été charmé par l’atmosphère de Labyrinthe. Ce contexte magique, à la fois merveilleux et inquiétant ; cette aventure dans laquelle on a envie de se lancer, à la découverte d’un univers riche en surprises qui semble tout droit sorti de l’imagination d’un enfant.
On retrouve vraiment dans Labyrinthe l’esprit du Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, même sans compter le point de départ du film (si ce n’est que Sarah manifeste plus un ras-le-bol vis-à-vis de la réalité, plutôt qu’un ennui).
Il y a ce même goût pour l’absurdité, le jeu sur les perceptions, et on tombe sur un tas de créatures insolites en cours de route. Un yéti qui contrôle les rochers par ses hurlements (???), un nain qui extermine les fées, …
Le film de Jim Henson est tellement inventif, il y a des idées de dessin animé, mais astucieusement mises en image en live-action.
Les trouvailles concernant la faune et la flore m’ont impressionné, mais pas autant que la capacité à créer ces bêtes et les animer.
On a des créatures en latex, kitschs et en même temps magnifiques par leur artisanat, avec des gueules marrantes et des voix ridicules. Ce qui est fort, c’est de parvenir à rendre certains de ces personnages attachants.
Concernant le reste des effets spéciaux, on a des décors en matte-painting magnifiques et beaucoup d’astuces visuelles bluffantes. Ca fait tellement plaisir de voir ce savoir à l’ancienne ; c’est ça qui m’émerveille vraiment.
Il y a quelques CGI, mais ils ont pris un coup de vieux.
Toutefois, il n’y a qu’une séquence que je trouve vraiment ratée, celle de la chanson avec les créatures sauvages aux voix de rastas. Les incrustations sur fond vert ont salement vieilli, et la chanson en elle-même n’est pas terrible.
D’ailleurs, cette séquence musicale arrive de façon complètement random, comme toutes celles du film.
A croire qu’il fallait justifier la présence de David Bowie. Concernant ce dernier, aussi bien en tant que chanteur qu’acteur, je ne comprends pas vraiment l’engouement qu’il suscite, même si je n’ai rien contre lui. Il n’est pas particulièrement marquant dans ce rôle-ci. A part quand il fait rouler ces boules de crystal. Bon sang, mais comment il fait ?
Mais ce qui me dérange surtout c’est la mauvaise caractérisation du personnage, finalement très creux. On ignore tout de ses motivations (pourquoi voudrait-il garder le bébé ?), et je n’étais même pas certain qu’on doive croire aux sentiments qu’il affirme avoir pour l’héroïne.
Labyrinthe effleure les thèmes de l’abandon de l’enfance et des responsabilités, il y a quelques éléments qui font penser que le film va dans cette direction (Sarah dont on essaye de ralentir la progression en l’encombrant de jouets et babioles), mais ça n’est pas assez développé pour que je considère qu’il y a vraiment un fond.
C’est ce qui manque à ce film pour le faire passer d’un divertissement très cool à quelque chose de plus, comme Hook.
Labyrinthe est bien plus foutraque, très naïf, et plein petits défauts évoqués ci-dessus. Mais j’ai tout de même adoré ; il y a beaucoup d’humour (souvent puéril, certes), et le film suscite chez moi un sentiment d’émerveillement particulier, que je ne peux trouver que dans une production de cette époque, avec des décors et des créatures qui ont quelque chose de palpable, témoignages d’un art malheureusement oublié.
Montrez ce film à vos gamins, plutôt que des merdes où tout n’est qu’images de synthèse.
J’aurais des enfants, je les garderais enfermés dans une pièce avec des VHS, à l’abri des dangers du monde extérieur ; jamais ils n’entendraient parler des Avengers, des Tortues ninja de Michael Bay, ou de Star wars VII. Mais je dérive là.
PS : Après des recherches sur internet, je suis ravi de voir que je n'ai pas été le seul troublé par l'entrejambe plutôt apparent de Bowie dans ses collants !
On en a même fait une chanson :
https://www.youtube.com/watch?v=lKLTP04JGc8