Jamais simple de renouveler le film historique avec personnage ultra-charismatique dans le rôle principal : Francis Girod relève le défi avec brio. Au-delà d'une reconstitution de bonne facture et de costumes très convaincants, le réalisateur parvient à rendre palpable la fascination que l'on peut ressentir pour Pierre François Lacenaire, assassin « moral » à la verve inégalable et capable de vous convaincre qu'il a raison même après voir commis les pires atrocités. Cette impression, Girod l'atteint grâce à un montage particulièrement habile, se plaisant à voyager entre présent et passé pour nous faire saisir l'incroyable complexité de son « héros », mais aussi son parcours, ses motivations, chaque scène se répondant en définitive assez admirablement.
Cette construction permet également de mieux mettre en lumière de nombreux seconds rôles souvent très inspirés, apportant tous un éclairage différent sur la personnalité décidément captivante de Lacenaire, surtout lorsqu'autant de soins a été apporté aux dialogues, plutôt brillants. Restait le point qui me laissait dubitatif : Daniel Auteuil, que j'imaginais assez mal en assassin gentleman. Résultat : il est exceptionnel, étonnant mélange de lyrisme et de charisme, toujours dans le ton juste et laissant constamment entrevoir les nombreuses facettes de son personnage, capable de passer d'une élégance feutrée à une colère monumentale.
À ce titre, si Francis Girod laisse à la fin un peu tomber son montage subtil pour quelque chose de plus linéaire, toute la séquence du procès est un moment de cinéma si passionnant que l'on comprend aisément pourquoi il a fait ce choix. Bref, si Lacenaire restera à jamais Marcel Herrand dans l'inégalable « Les Enfants du Paradis », ce « vrai-faux » biopic non sans fantaisie n'en est pas moins une belle réussite : à découvrir.