Lacrau
6.6
Lacrau

Documentaire de João Vladimiro (2014)

Les premières images sont en état de grâce, un enfant sur un rocher qui hésite à sauter. Le cadre est mouvant, le son absent, très lointain peut-être. L'enfant sourit, se lève, hésite, hésite encore...

Comme lui, il faut s'abandonner pour entrer dans Lacrau. Résolument non narratif, le film de João Vladimiro voyage en lui-même comme il voyage en nous.

C'est un trip de rupture, un monde que l'on quitte pour en (re)trouver un autre, un cheminement intime, un poème de fracture et de renouveau. On peut y voir la quête de racines perdues, le retour à la nature, toute interprétation se révélant moins simple qu'il y paraît, et surtout trop facile. Les différents formats d'images, l'audacieux travail du son (beaucoup de scènes sont muettes, d'autres rugissantes) alimentent de mille signaux cette odyssée finalement très intérieure.

Radical dans sa démarche, Lacrau ne fera pas l'unanimité. Naviguant entre recherche expérimentale et quête sensitive, se rapprochant ainsi du narratif Los salvajes (Alejandro Fadel >>>), de l'hybride Post tenebras lux (Carlos Reygadas >>>) ou de l'abstrait Leviathan (Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor >>>), le film de João Vladimiro nourrit la dynamique d'un cinéma moderne et volontaire.

Foncièrement visuel, presque photographique, dans un ballet aussi rugueux que doux, Lacrau ravive en nous un regard primitif et des sensations organiques. Il n'est pas forcément aimable, semble parfois se laisser aller à une facilité arty, mais il existe pleinement, respire, inspire, interroge.
pierreAfeu
6
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le 11 août 2014

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pierreAfeu

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