Il ne faut pas se laisser arrêter, comme moi, par l'étiquette déprimante d'adaptation du pilier de la littérature "érotique" de D.H. Lawrence . Le "Lady Chatterley" de Pascal Ferran, par ailleurs inspiré paraît-il d'une version méconnue du livre, est avant tout un film "politique" au sens plein du terme, car traitant de l'affranchissement de l'être tout entier (envers les conventions, envers les règles, envers la société) qui ne peut que se produire quand les corps découvrent le désir, puis le plaisir, puis enfin l'offrande toute entière de soi. Oui, le film est long, parce que Ferran a compris qu'il faut prendre le temps, avec nos fameux amants, de la découverte et de la transgression, pour que celles-ci aient aussi valeur d'éblouissement pour le spectateur, d'abord vaguement indifférent, puis rapidement enchanté, et enfin bouleversé par ce dialogue final, posant clairement la question fondamentale de la liberté que l'on s'accorde face au monde. Sublime résonance du dernier mot : "Oui". [Critique écrite en 2009]