Lady Kung-Fu
6.8
Lady Kung-Fu

Film de Liu Chia-Liang (1981)

2 ans après avoir intégrée l'équipe de Lau Kar Leung et être apparue dans plusieurs de ses films dans des rôles secondaires, Kara Wai reçoit un cadeau de son mentor martial avec le scénario de My Young Auntie. Le film est un pur véhicule pour elle, lui offrant de nombreuses opportunités de démontrer ses capacités d'actrices et d'artiste martiale. La jeune femme ne laissera pas passer une telle occasion et se lancera complètement dans l'aventure. Bien lui en fera car elle obtiendra l'award de la meilleure actrice pour sa prestation. Réussite artistique certaine, le film n'obtiendra pourtant pas un grand écho public. La Kung Fu comédie est alors en train de passer de mode et les œuvres du maître en font les frais. Une situation qui se répétera quasi systématiquement avec toutes les œuvres suivantes du réalisateur pour la Shaw. Un bien triste constat.

Comme on pouvait s'y attendre, Lau Kar Leung reste fidèle à lui-même avec My Young Auntie ; c'est-à-dire fidèle aux valeurs d'un Kung Fu Chinois authentique, pur serait on tenté de dire. Respect des aînés (voir le moment où les vieux maîtres viennent sauver la situation à la fin du film) et respect de la tradition (tout les moments opposant Kara à Hsiao Ho, tout particulièrement le passage avec les talons hauts) sont les deux fondements du métrage. Le message est positif et plein de bonne volonté mais il faut bien reconnaître que le vénérable sifu va parfois un peu trop loin. Absorbé par l'aspect comique que l'affrontement des deux camps peut donner, il tend à charger le camps des modernes, le faisant tomber régulièrement dans le ridicule, donnant l'avantage aux tenants les plus extrêmes de la tradition. Un excès de zèle regrettable qui ne traduit d'ailleurs pas véritablement la pensée de Lau comme l'attestera 2 ans plus tard Lady is the Boss, œuvre jumelle de My Young Auntie où l'opposition tradition/modernité s'avère plus équilibrée, plus fine dans son traitement.

Si Lau souffre d'une expression thématique un peu maladroite avec ce film, il reste toujours en pleine possession de ses moyens pour les volets comique et action.

L'humour a toujours été une constante des films de Lau Kar Leung (rappelons qu'il est à l'origine de la première KF Comédie). Un aspect d'ailleurs souvent critiqué mais qui fonde bien son style et mérite d'être apprécié. Le chorégraphe réalisateur joue sur plusieurs aspects pour fonder le rire : L'opposition des deux styles de vie Kara/Hsiao bien sur mais aussi les jeux de mots cantonais/anglais et l'attraction de la gente masculine envers la jeune tante. Grâce à des acteurs impeccables (Kara bien sur, qui prouve ne pas avoir volé sa récompense, mais Lau Kar Fai mérite aussi une mention pour son courage à se ridiculiser avec panache) et une exploitation intelligente de ses thèmes, la comédie marche excellemment. Même le bal costumé, souvent décrié, s'avère un petit régal avec ses costumes flashy et son ambiance faussement Européenne !

Lau Kar Leung s'est entouré d'une impressionnante équipe martiale. On retrouve bien sur les membres habituels de sa troupe : Kara, Hsiao Ho, Wilson Tong, Lau Kar Fai et le grand Johnny Wang. Mais on y croise aussi Yuen Tak (tout frais sorti de The Master) et Kwan Young Moon (déjà employé pour Return to the 36th Chamber). Avec un tel casting, on ne pouvait avoir droit qu'à du bon. Pas de surprise, le résultat est phénoménal ! Généreux en quantité (les affrontements sont nombreux et longs !), le maître n'a pas sacrifié à la qualité. Les chorégraphies sont rapides, intenses et incroyablement techniques, tout ce que l'amateur averti est en droit d'attendre. Le plus impressionnant tient à ce que, tout en maintenant ce niveau de qualité tout au long du film, le maître parvient encore à le rehausser d'un cran quand il entre lui-même en action. La démonstration du sifu est implacable ! Chacun de ses mouvements respire l'authenticité et la maîtrise. Quand il est enfin confronté à quelqu'un de son calibre (le toujours impeccable Johnny Wang), le résultat tient à un véritable rêve de fan de films de Kung Fu.

Créée

le 12 janv. 2011

Critique lue 513 fois

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Palplathune

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