Adaptation japonaise en langue anglaise par un réalisateur français d'un manga réputé - que je n'ai pas encore lu, je l'avoue - "Lady Oscar" souffre de maints handicaps évidents : le manque de moyens qui réduit la prise de la Bastille à une mini émeute de kermesse, l'absurdité de la langue anglaise pour conter une histoire aussi essentiellement française, le manque d'intérêt de Demy pour les duels et les scènes d'action, ni réalistes ni spectaculaires, et surtout la réduction frustrante d'une histoire fleuve à à peine deux heures de film. Pourtant, "Lady Oscar" m'est apparu comme le plus intéressant des "films obscurs" de Jacques Demy, parce que la singularité du cinéaste s'exprime largement à travers les situations sexuellement ou sentimentalement ambiguës que le scénario lui fournit amplement. Du choix d'une actrice ultra féminine pour incarner Oscar - ce qui détruit le possible réalisme du film mais lui confère une étrangeté à la fois moqueuse et dérangeante - à un visible plaisir pris à diriger les moments les plus "pervers" de "Lady Oscar", Demy s'est clairement approprié son sujet pour y injecter sa fantaisie, mais aussi son habituelle noirceur. Ce n'est pas si mal que ça pour un film (pour le moment encore) rejeté par la postérité. [Critique écrite en 2014]