Moins d'intrigues s'il vous plait, je suis là pour les jolies images.

Alors que le premier volet faisait le choix de nous dévoiler le japon moderne petit à petit (je sais que le nom de l'ère a été annoncé au tout début du film, mais je ne savais pas à quelles années ça pouvait correspondre, j'ai donc été surpris quand j'ai réalisé que le propos ne se situait pas dans le japon médiéval) Ce volet fait le choix de nous plonger directement dans une intrigue politique bien ancrée dans son époque (début 20e). Pour moi personnellement ça n'a pas marché. Le début du film avec la rencontre entre Yuki et ce chef de la police secrète m'a rappelé la scène final du premier Lady Snowblood dans cette soirée mondaine où tout le monde était masqué, c'était juste trop kitsch pour moi, trop de couleur, trop dense, je préfère la sobriété, c'est plus lisible mais ça c'est une affaire de goût.


J'ai quelques soucis avec le scénario et l'écriture des personnages qui sont clairement les points faibles de ce film.
Yuki dont l'humanité est bien représentée dans le premier volet (l'exemple le plus frappant étant son rapport à la fille d'une de ses victimes) devient ici une simple parodie d'elle même, le gentil anarchiste veut se battre contre le méchant gouvernement, elle accepte tout de suite de l'aider parce que, Yuki c'est une gentille aussi voyons ! Il y a quelque chose de très artificielle dans cette relation pourtant centrale dans ce film, quelque chose qui m’empêche de m'attacher aux personnages, je trouve que la relation entre l'anarchiste et sa femme est mieux définie, on comprend leur passion, leur lien. Alors qu'avec Yuki j'ai juste l'impression que c'est totalement convenu.
Je n'ai décidément pas pu m'attacher à cet Anarcho-gauchiste parodique , ses motivations en cartons m'ont laissé de marbre quand il s'est fait arrêter et torturer, par contre sa femme, elle, j'avais un lien. Le personnage semblait plus complexe. On se demande même à un moment si elle ne va pas balancer Yuki pour sauver son mari.
Puis vient la révélation, le frère de l'anarchiste à qui Yuki doit remettre des précieux document est en fait quelqu'un que l'on a vu au tout début du film, lui est déjà plus intéressant.
Malheureusement ce qui pouvait être un élément qui aurait fait la force du film est à moitié gâché par un monologue bien trop long et bien trop artificiel devant un bateau en feu. La scène est sublime, l'idée m'a bien plu: l'anarchiste qui est en fait assez hypocrite pour avoir volé la femme de son frère et l'avoir laissé dans un bidon ville pendant qu'il vit le romantisme de la révolution, tout ça a une véritable puissance dramatique.
Malheureusement l'instant se dégonfle peu à peu dans un monologue d'animé à la Naruto où l'on va te prendre par la main pour tout bien t'expliquer la relation des deux frères. Ce n'est pas à son frère anarchiste décédé que s'adresse le personnage dans son monologue à ce moment là, c'est à toi spectateur trop désinformé et perdu dans cette situation. (Laissez nous être perdus, ça nous fait cogiter, c'est mille fois plus souhaitable que d'être pris par la main comme un enfant de 4 ans)
Mais le film reste quand même plus intéressant quand il n'est plus centré sur l'anarchiste mais sur son frère qui aura même droit à une vengeance à la Yuki à la fin avec une très belle mise en scène.


Je trouve intéressant d'avoir une Yuki très fantomatique au final, c'est plutôt juste. Elle est dépossédé de sa vengeance, elle n'a plus de but si ce n'est accomplir celle des autres. Elle n'est plus autant au centre de l'action scénaristique parce qu'elle n'est plus qu'un simple outil que l'on utilise et qui se fait balader entre différente mains (la police secrète, l'anarchiste, le frère). L'arc de l'anarchiste est néanmoins trop long et inflige un véritable problème de rythme au film.


Si le scénario est assez inégale la mise en scène, elle, est magnifique et pleine de petite surprise, de petits élans qui viennent ponctuer le film. On a le droit à un superbe traveling sur la plage dont la splendeur hypnotique m'a immédiatement rappelé ce que je cherchais avant tout dans ce film: une expérience esthétique. Je me suis surpris plusieurs fois à décrocher des dialogues pour contempler ce qu'il se passait visuellement, peu être pas assez souvent malheureusement.


Je trouve que si le film ne réussi pas à tout les niveau il n'est pas forcément une suite qui n'est pas nécessaire contrairement à ce que certains peuvent penser. Il montre le vide laissé après l'accomplissement du désir de vengeance, là où Yuki aurait pu gagner son humanité, elle devient encore plus un objet, s'enfonçant dans un drame face auquel elle n'est qu'une impuissante victime, qu'importe sa propre force.


Le film n'est pas le meilleurs des deux, mais il vaut la peine d'être visionné. Avec un peu de recule (environ 40min) je m’aperçois que si j'ai éprouvé des longueurs durant le visionnage, je suis quand même content au final d'avoir vu ce deuxième volet dont on pourra surtout déplorer qu'il ne soit pas plus généreux visuellement, nous engluant parfois dans un propos qui pour moi n'est pas ce qui fait le charme de cette œuvre.

Jz_Mokā
7
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le 10 mars 2021

Critique lue 82 fois

Jz_Mokā

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