Après de solides études universitaires, Nevenka trouve un poste de conseillère municipale à la mairie de Ponferrada.
Ismael Alvarez, le charismatique et très populaire maire de la ville est un séducteur reconnu et apprécie que Nevanka en plus de ses compétences soit une très jolie jeune femme. Rapidement, il lui offre un poste à responsabilités de premier plan au sein de son équipe et ne tarde pas à lui révéler son attirance. Il se montre très insistant et Nevanka finit pas céder à ses avances et entame une brève liaison avec l'homme de deux fois son âge. Elle se rend vite compte que cette relation ne lui convient pas et rompt. Ismaël ne supporte pas cette rupture et dès lors se montre odieux dans un premier temps. Les brimades se transforment vite en humiliations publiques (il lui coupe la parole, l'insulte au cours des conseils municipaux) puis en harcèlement en mots, en gestes puis en actes...
Ce film s'inspire de faits réels et est considéré comme le premier cas de #MeToo politique en Espagne. Nevanka finit par porter plainte en 2001 et malgré son audace et son courage, continue de vivre l'enfer car Ismaël est très apprécié dans sa commune et personne ne croit à sa culpabilité. Nevanka se retrouve seule, aidée de son avocat, à tenir tête à son bourreau et à toute la population pour emmener le coupable jusqu'au procès. Elle n'obtient la compassion, la compréhension et l'empathie de personne, ni des rares collègues qui semblaient s'apercevoir que quelque chose n'allait pas, ni de ses parents redevables au maire dans une affaire financière.
Si aujourd'hui les victimes sont en principe souvent soutenues par l'opinion publique, ce n'était pas le cas il y a une vingtaine d'années. Et toutes les questions qui se posent : pourquoi a-t-elle cédé si elle ne l'aimait pas ? Pourquoi a-t-elle poursuivi la relation pendant quelque temps ? Pourquoi a-t-elle attendu si longtemps avant de réagir ? finissent par transformer la victime en coupable, ce qui est parfaitement démontré au cours d'un procès où l'avocat de la partie adverse s'acharne littéralement sur Nevenka comme si elle était l'accusée.
Avant d'arriver au procès nous suivons toute la reconstitution et la lente dégringolade de Nevenka petit à petit, le déroulement des faits et ses vaines tentatives pour ramener Ismaël à la raison. Il ira jusqu'à lui faire craindre une tentative de suicide et toutes ses manoeuvres pour se trouver seul avec Nevanka sont de plus en plus ignobles et dégueulasses. De harceleur très, très relou, il se transforme en véritable monstre qui ne doute jamais de sa séduction et de son pouvoir. C'est assez terrifiant. D'autant que face à lui, la fluette Nevanka dépérit peu à peu. De jeune femme superbe, élégante et conquérante elle se métamorphose peu à peu en petit animal traqué qui fait progressivement disparaître de son apparence tout signe de féminité. Rarement on aura vu la terreur se lire sur le visage d'une victime harcelée. La jeune femme n'est pas détruite que psychologiquement, elle l'est peu à peu physiquement mais aussi socialement. C'est à peine si on la reconnaît entre le début et la fin du film. Le travail de l'actrice Mireia Oriol est à ce titre vraiment remarquable.
Le film est une implacable démonstration de la difficulté à prouver un harcèlement. D'autant plus difficile à faire admettre lorsqu'il a commencé par une relation consentie. Mais la manipulation, l'abus de pouvoir, l'emprise et la toxicité d'Ismaël (admirablement et courageusement incarné par Urko Olazabal) sur Nevanka sont parfaitement décortiqués par la réalisatrice. Elle, son actrice et son personnage incarnent pour une fois un véritable propos féministe (à l'exact opposé de cette horreur de Substance où la réalisatrice semble détester les femmes).
Je vous recommande vivement ce film et vous laisse découvrir l'épilogue et la résolution de l'affaire que j'ai trouvés assez glaçants.