La grande réussite de L'affaire Nevenka réside, me semble t-il, dans sa longueur.
Inspiré de fait réels du début des années 2000, le film retrace la première affaire (révélée au grand public) de harcèlement dans la sphère politique.
Cette longueur c'est celle du film, mais surtout celle des choix narratifs. Le film prends son temps et épouse celui du prédateur qui se rapproche stratégiquement de sa proie, jusqu'à ne plus supporter qu'elle lui résiste.
Ainsi, en plusieurs temps, presque en chapitre, la stratégie du prédateur est disséquée.
Car dans L'affaire Nevenka, on voit bien que c'est de stratégie qu'il s'agit, et non pas d'hommes qui ne savent pas se contrôler ou qui n'ont plus était eux-mêmes au moment des faits.
"Ne pas savoir se contrôler", c'est plutôt la stratégie/excuse qu'ils mettent en place. Et c'est bien cette phrase qu'Ismaël (le maire agresseur) ne cesse de répéter dès lors que Nevenka lui résiste, au contraire des ses regards insistants filmés avec minutie et qui nous prouve la parfaite conscience dans laquelle se trouve cet homme.
La dernière partie du film quant à elle permet de saisir la réalité de la "culture du viol" et des autres regards, ceux des spectateurices de la scène, des ami.es et parents de Nevenka, pour qui le premier réflexe est de détourner le regard.
Un cinéma de dénonciation comme il en faut de nombreux autres, qui interroge le(s) regard(s) avec patience et précision.