Je crois vaguement me souvenir que j'étais persuadé que c'était un film policier en noir et blanc avec Lana Turner. Moi, Lana, en noir et blanc ça va, c'est en couleur que ça tâche.

Bien entendu, la jaquette mentait, non seulement c'est dans un technicolor absolument terrible pour Lana, mais en plus c'est un drame passionnel, enfin quelque chose comme ça, avec des chansons au milieu et le réalisateur de La Course aux maris caché derrière.

L'histoire, terrifiante, raconte l'histoire d'amour entre un prince héritier quelconque et une chanteuse de cabaret. Un de ces multiples films où s'affrontent passion et devoir, noblesse et roture, avec un chantage à la raison d'état en fond sonore...

Ca commence, très mal, dans le dit cabaret, en Italie. Le numéro de la poule américaine, raison j'imagine de l'intérêt que va lui porter le dragueur princier est un cauchemar musical complet, pas de rythme, un refrain embarrassant, le tout coincé entre une mule en carton et un moustachu du même métal et encerclé par un choeur de cow-boys d'opérette.

Après, le type lance sa dragouille pendant assez longtemps, c'est un certain Ezio Pinza (que sa descendance soit maudite sur douze générations), une longue tête pointue, entre le baudet et le poisson, avec assez de dents pour fournir deux ou trois asiles de vieillards, des cheveux gominés et un peu moins de charisme que l'assistant de mon comptable, celui qu'est bègue, avec l'oeil torve.
Au bord de la méditerranée, pas de dragouille sans sérénade, et là, on se rend compte que le pire est à venir, derrière ce massif sourire niais se cache un chanteur d'opérette qui demande à sortir de sa chrysalide afin de détruire à jamais les tympans les plus résistants. Je crois que c'est à ce moment que j'ai commencé à pleuré.

Pendant quelque temps, la dragouille se poursuit, avec tous les clichés d'usage pour faire rêver dans les chaumières la Grace Kelly qui sommeille en chacune d'entre vous. Séquence équitation, même si Ezio monte comme un balai... Séquence nautique, mais Ezio semble n'avoir jamais barré de sa vie... Le tout dans un kitsch indescriptible et une absence colossale du moindre enjeu.

Puis douze années se passent, allez savoir pourquoi, les amoureux se sont perdus de vue, ils se retrouvent dans une espèce de pension de vacances avec Marjorie Main en tenancière et Debbie Reynolds en nièce dégourdie, jeune comme c'est pas permis. Inutile de vous dire où j'ai trouvé des points à mettre...

Le niais passe son temps à promettre de ne pas chanter, puis à chanter, puis à s'excuser pour avoir chanté, à un moment, son ex-premier ministre vient le voir pour le faire chanter aussi... ça palpite comme le coeur d'un nourrisson mort né après l'autopsie.

Après, le film se termine, je ne vous dirais pas comment et comme personne n'aura la perversion de regarder ce film un jour, vous ne le saurez jamais, vous resterez ignorants jusqu'à la fin de vos jours et peut-être même que certains d'entre vous raccourciront ces derniers à force de se torturer pour le savoir.

Alors que, entre nous, ça n'en vaudra pas la peine.
Torpenn
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le 11 mai 2012

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