L'intrigue de Laissez-moi est des plus épurées et n'offre presque rien de plus que ce qui est déjà consigné dans son bref synopsis. Mais ce n'est pas parce que ce premier long-métrage est réalisé par un Suisse, Maxime Rappaz, qu'il est pour autant neutre et dénué d'intérêt. C'est même la routine de son héroïne, une couturière qui s'offre une escapade tous les mardis, qui en fait tout le sel, au même titre que la psychologie de cette mère qui pourrait bien être, ou pas, à un point de bascule de son existence. Le décor est immuable pour les voyages hebdomadaires de cette femme toujours séduisante : les somptueux paysages montagneux du Valais, les vaches dans les prés, un immense barrage et un hôtel international, mais ce qui trotte dans sa tête est à déchiffrer, au-delà des quelques phrases qu'elle prononce, qui ne révèlent rien de sa personnalité profonde. Il n'y a pas d'ennui dans Laissez-moi malgré les effets voulus par la répétition des situations. Et puis, comment trouver le temps long avec la suave, élégante et mystérieuse Jeanne Balibar, au timbre de voix si caractéristique ? Elle tient l'entièreté du film sur ses épaules et assume avec classe le rôle symbolique d'une femme qui doit prendre ce qui sera peut-être la dernière décision importante de sa vie.