L'amour au présent est en fait en flash back. On y suit l'histoire d'amour et de vie d'Almut et Tobias.
J'ai d'abord été perdue par la temporalité du film pendant les 30 premières minutes. Si la destruction temporelle permet d'éviter (un peu) la prévisibilité des évènements, cela créé quand même pas mal de confusion et d'incohérences dans la continuité de l'action. J'ai aussi trouvé que beaucoup de sujets était abordés sans n'apporter grand chose au film : les enfants et le désir d'en avoir (qui est un réel sujet pour un couple qui se projette mais dont les avis divergent sur la question), la bisexualité de Almut, le divorce de Tobias. Ça apporte certes du contexte, mais ça noie aussi un peu le sujet, je ne savais pas dans quelle direction allait partir le film, et comme sa chronologie est éclatée, ça n'aide pas vraiment à se concentrer sur l'essentiel.
L'histoire m'a fait penser à Marriage Story : on suit les tribulations intimes d'un couple en déroute, pour diverses raisons : là où Nicole et Charlie de Marriage Story font face au naufrage de leur couple par leur tendance à mal s'aimer, Almut et Tobias eux ne manque pas d'amour, mais sont frappés par la maladie. Si le fond de l'intrigue est finalement peu original (aka un couple qui se construit au travers des épreuves de la vie, joyeuses et parfois moins joyeuses), on sent une sorte de sincérité brute qui se dégage du film. Sincérité sûrement renforcée par l'alchimie entre les deux protagonistes, Almut et Tobias (joués respectivement par Florence Pugh et Andrew Garfield, quel couple goal, ça a grandement motivé mon choix de visionnage d'ailleurs). L'histoire d'amour est vécue uniquement à travers ce qui arrive à l'une et ce que subit l'autre : Andrew Garfield est presque un personnage secondaire, la maladie devient le deuxième personnage principal et y est abordée de manière complète, de l'annonce jusqu'à la "fin", en passant par la souffrance endurée tout au long du parcours; on la voit oeuvrer dans les relations familiales comme professionnelles. Elle permet même à Almut, son hôte, d'avoir le "courage" de réaliser un de ses rêves et survivre dans la postérité, avant de finalement se retourner vers ses essentiels, sa famille.
Malgré le sujet sensible, délicat et grave, le film est ponctué de touches d'humour, de scènes rocambolesques qui arrivent comme un cheveu sur la soupe (le "une femme enceinte est coincée dans les toilettes" m'a beaucoup fait rire), et qui ajoutent une touche de légèreté au film. Comme cette scène où on annonce le retour du cancer à Almut, qui préfère demander à Tobias quel chocolat il a choisit dans la boite. Une jolie musique accompagne le film tout du long, et rend encore plus dramatique les moments larmoyants (après, je suis une très bonne cliente pour ces scènes là, et une très bonne cliente également de Kleenex par extension). La fin à l'intelligence de boucler la boucle : on y voit la petite Ella, fille de Tobias et d'Almut, casser un oeuf d'une main comme sa maman au début du film. L'absence d'Almut est fracassante de présence, et on comprend (enfin, moi j'ai voulu comprendre) qu'Almut a probablement disparu. C'est triste, mais très pudique, et j'ai encore pleuré.