Ça se regarde. J'ai même ressenti l'une ou l'autre pique d'émotion, preuve que c'est quand même bien emballé.


Je n'ai pas du tout saisi l'intérêt de chambouler la chronologie du film, à part pour éviter des temps morts et les problèmes d'un récit linéairement décousu dans le cas d'une narration chronologique. La solution apparaît donc ici comme un peu facile. Pas forcément inintéressante en soi, mais alors il faut jouer davantage avec ces changements de temps, or ici, on sent bien qu'il y a le récit principal qui se déroule dans l'ordre chronologique ; en fait le film présente plusieurs lignes de temps à la place de présenter plusieurs histoires avec des personnages différents. D'ailleurs les personnages sont assez peu caractérisés. Et le pire du pire pour un film qui se joue du temps est de terminer avec la fin...


Hormis cela, les conflits sont intéressants, les résolutions pas forcément, mais tiennent le route. Les personnages sont sympas. Les situations sont vite expédiées, les auteurs auraient pu développer davantage certains aspects du quotidien si ça avait été mis dans l'ordre normal (d'ailleurs quand on y réfléchit, comment le mec a pu ne pas remarquer que sa meuf participait à un concours et avait même gagné certains étapes). Les personnages secondaires manquent un peu et la romance est finalement trop convenue dans les faits pour compenser.


Petit aparté sur l'idéologie du film. On nous montre un homme divorcé qui cherche à se marier et avoir des enfants, donc mener une belle vie américaine. On nous montre une jeune femme anciennement en couple avec une femme mais qui s'est séparée car son ex voulait des enfants, elle prévient son nouveau mec qu'elle n'en veut toujours pas et souhaite avancer dans sa carrière. Une confrontation intéressante en soi qui remettrait en question du sens de la vie tel qu'on nous le montre régulièrement. Il n'aura pas fallu attendre beaucoup pour que la belle blonde décide de faire un enfant avec son ovaire 'rongé' comme elle le dit si bien. Ensuite vient la question du sens de la vie à l'approche de la mort : est-il plus important de se faire plaisir à soi ou de vivre auprès de sa famille. Pour le futur mari veuf qui ne sera pas mari car le amriage est annulé à cause du concours qui se déroule lors de la date clé, c'est la deuxième solution qui importe ; pour la future femme morte qui ne sera pas mariée parce que la finale de son concours tombe le jour de son mariage, c'est important d'aller au bout de ses rêves. À nouveau une confrontation intéressante mais un développement argumentaire assez lamentable : elle veut que sa fille se souvienne d'elle autrement que comme une maman. Non. C'est nul comme explication. C'est pour rendre le personnage moins égoïste ça non ? Si elle veut que sa fille se souvienne d'elle, c'est en passant du temps avec elle, d'office, et non pas en étant occupée à gagner un concours. Et c'est idiot d'avoir pris cette porte là, parce que c'était bien plus intéressant qu'elle veuille concrétiser ce rêve. Pour une personne tout court, c'est normal d'avoir cette volonté égoïste, un enfant ne doit pas nous priver de nos plaisirs personnels. Et dans le cadre d'une maman le message est encore plus fort, puisqu'on associe souvent la maman aux couches, à la surveillance et l'éducation des enfants. Gâcher cette possibilité (féministe en plus), c'est très dommage. Après, le personnage serait passé pour une méchante, dans le sens où elle aura passé peu de temps avec sa fille juste pour son rêve... mais ça ne veut pas dire qu'elle n'en aura pas souffert et qu'elle n'aura pas essayé de passer un peu de temps avec. Mais bon soit, tout ça pour dire que le film veut donner la volonté d'être moderne, avec un pensée libre et ouverte, mais au final c'est assez fermé et sectaire, je récapitule : la femme ne se sent bien qu'avec un homme et un couple ne fonctionne vraiment bien que lorsqu'il y a un enfant ; on peut avoir des envies de carrières mais la famille reste le summum (à la fin, elle quitte son trône et donc son prix pour rejoindre sa famille ; bon, elle a gagné, mais elle aurait pu rester jusqu'au bout, elle a préféré céder à l'instinct maternel). Forcément, le film est construit pour que ça paraisse logique... mais n'a-t-on pas déjà assez de film avec cette structure, n'était-il pas possible de construire cette romance autrement ? Déjà en sucrant l'enfant qui ne sert pas à grand chose ?


La mise en scène est globalement réussie. Rien de très marquant visuellement, juste que c'est bien emballé : un découpage varié et adéquat en terme d'émotions, un montage bien rythmé, des décors pas très explorés mais qui suffisent à donner du corps à l'histoire, une BO qui appuie les sentiments. Deux acteurs très bons qui apportent beaucoup à leurs personnages, surtout Garfield avec sa sensibilité et ses tics ; Plugh est douée aussi mais apporte un peu moins, en même temps son personnage est plus riche à la base, mais sa prestation est très bonne, elle ne fait pas trop le tire-larme (alors que Garfield doit un peu plus miser là-dessus pour se faire remarquer).


Bref, ça se regarde, c'est pas vilain en soi.

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

il y a 7 jours

Critique lue 23 fois

1 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 23 fois

1

D'autres avis sur L’Amour au présent

L’Amour au présent
Cinephile-doux
6

Au temps de la romance

Réinventer la romance dramatique, la moderniser peut-être, tout en utilisant des ingrédients presque intangibles depuis Love Story, voire bien avant, telle est l'ambition de L'amour au présent. Tout...

le 25 nov. 2024

2 j'aime

L’Amour au présent
RedArrow
8

Chaque instant compte

Réunir Florence Pugh et Andrew Garfield, deux des plus talentueux et éclectiques acteurs de leur génération, au sein d'une romance made in A24... On répond forcément présent. Par leur seule présence...

le 5 déc. 2024

2 j'aime

L’Amour au présent
Fatpooper
6

L'amour dans le désordre

Ça se regarde. J'ai même ressenti l'une ou l'autre pique d'émotion, preuve que c'est quand même bien emballé.Je n'ai pas du tout saisi l'intérêt de chambouler la chronologie du film, à part pour...

il y a 7 jours

1 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

120 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

108 j'aime

55