L'Amour au Présent figure l'histoire d'un couple, Tobias et Almut, pendant 10 longues années. Si la comédie romantique est un genre incontournable du cinéma que l'on a bien souvent l'impression de connaître tout entier en entrant dans une salle quel que soit le film, aussi bien les thèmes abordés que la manière dont John Crowley monte son film rendent assez atypique ce long-métrage.
En effet, l'histoire d'amour est racontée ici de manière assez discontinue, puisque l'on multiplie les allers-retours dans le temps sans logique aucune, ce qui a pour effet à la fois de casser ce qui pourrait être un mélodrame attendu, mais aussi de décontenancer le spectateur, au début tout du moins.
Dans sa globalité, le long-métrage pourrait être qualifié d'«oubliable» : certains moments sont très attendus, les scènes de sexe ne sont pas très bien filmées, l'image est assez plate et attendue et les plans sont peu recherchés en ne se concentrant que sur les personnages principaux. Pas un bon film, donc ?
Voilà qui est posé me direz-vous. Cependant, force est de constater que plus le temps passe, plus ce film, des fragments d'image, des éclats de rire, me restent en tête.
La manière dont est traité le rapport d'un couple à la maladie m'a en effet travaillé plus que je ne le pensais : l'alchimie entre Florence Pugh et Andrew Garfield est incontestable, et qu'on se le dise, ce couple, on y croit et dans mon cas on l'estime et l'apprécie. Cette alchimie entre deux acteurs fantastiques qui mettent tout leur cœur dans le film sublime l'histoire d'amour mais aussi et surtout les thèmes qu'elle soulève : ainsi, le sacrifice, un abandon positif face à la maladie sont ici traités de manière aussi complexe que belle, sans pathos. Les instants de quotidien adoucissent le film.
De nombreuses scènes offrent des instants de justesse -la scène de dispute- comme de tendresse -la scène de rencontre, les scènes de cuisine- mais le film marque surtout au cours de la scène de l'accouchement, que j'ai trouvé magnifique, sans doute la mieux filmée, et dans ses adieux au goût de patinage, rappelant Aftersun dans la forme.
Au cours d'une dispute, le personnage d'Almut fait part, face à sa tumeur, de la peur qu'elle ressent face à la mort et l'oubli de sa personne que son sort inéluctable entend. Vraisemblablement, ce ne sera pas le cas pour moi.