Camelote
Bresson propose une vision déprimante et sans âme de la légende arthurienne où tout paraît factice. Je n’ai sans doute pas la sensibilité nécessaire pour apprécier ce drame shakespearien aux...
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le 11 août 2022
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Je suis bien obligé pour nuancer mon avis de commencer par dire que je ne connais pas bien le cinéma de Bresson. N’ayant vu que Pickpocket et donc Lancelot du Lac, il m’est impossible de replacer correctement le film dans la carrière du cinéaste.
En revanche, je me suis déjà intéressé à lui et à sa conception du cinéma en tant qu’art. Bresson cherche à travers ses films à représenter un cinéma pur et singulier, dénué de toute autre forme d’art. On est bien obligé de contaster que sa vision est très intéressante et surtout assez unique.
Donc voilà, c’est aussi ça qui rend la carrière de Robert Bresson aussi importante et marquante dans l’histoire du cinéma.
Mais bon, pour être tout à fait honnête, je ne pense pas être un jour un grand fan du réalisateur.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé Pickpocket qui arrivait à montrer un boulot rarement vu dans un film et que je trouve pourtant très cinématographique. Le film était très efficace, clair voire PRESQUE haletant.
J’ai donc lancé Lancelot du Lac sans grande conviction mais avec une certaine curiosité tout de même.
Bon bah compliqué.
Alors je sais pas, peut-être que le film est trop « Bressonesque » mais si je dois garder un mot qui me le représente c’est probablement austère. Qu’on soit bien clair, il y a de très bonnes idées de mise en scène, de cadrage. Je pense par exemple, aux entraînements et aux plans serrés sur les cibles, et à certaines scènes de forêt qui parviennent à dynamiser l’action. La scène finale arrive paradoxalement à être selon moi assez tragique malgré un film un chouïa trop peu émouvant (haha). Je pourrais aussi citer les plans sur les chevaux, criant de vérité. Le personnage de Mordred aussi est intéressant à suivre, merci à Patrick Bernard qui est probablement le seul ici qui se rapproche presque d’une forme d’acting par moments.
Lui mis de côté, il faut bien avouer que les autres sont les modèles que Bresson exige. Aucune émotion évidemment, aucune nuance de voix, enfin la non-interprétation la plus parfaite. Je comprends totalement sa volonté de rejeter le théâtre et la comédie mais c’est vrai que quand on a l’habitude de voir des films plus traditionnels, c’est dur d’être convaincu par ce type de cinéma.
On est bien d’accord, les films de Bresson ne sont pas des films à popcorn mais quand même, une bonne interprétation c’est pas que du divertissement, c’est entre autres ce qui fait la force d’un film parce qu’on y croit.
L’absence totale de musique extradiégétique est aussi quelque chose qui me bloque un peu, mais je dirais pas que c’est un défaut, ça fait partie de la volonté de Bresson donc bon pourquoi pas. Après faut pas s’étonner que ça devienne un peu longuet.
Mais là où le film me dérange vraiment, c’est plus dans un secteur bien particulier : le sound design.
Franchement, les bruits de ferraille qui arpentent TOUT le film et qui deviennent littéralement un son d’ambiance. Alors oui, c’est légitime parce qu’ils ont des armures de 40kg mais c’est juste insupportable. Ça et une scène bien particulière, dans l’écurie, où les hennissements d’un cheval (hors-champ hein donc pas franchement justifié a priori) masquent un bout de dialogue. Et le problème avec ce genre de défauts, c’est que dans des films qui se veulent aussi sérieux que Lancelot du Lac, bah on est pas loin d’avoir un effet un peu comique non voulu qui casse le drame.
Ajoutez à ça des figurants qui sont en permanence en train de réciter des lignes de dialogue au premier plan et on obtient un résultat un peu décevant qui ne se penche pas sur l’histoire la plus passionnante de la légende arthurienne, à l’intérieur d’un (très) long film de... 1h20. Ah.
Créée
le 6 févr. 2021
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