Après une belle carrière derrière lui (Un condamné à mort s'est échappé, Journal d'un curé de campagne et Mouchette notamment), Bresson décide de revenir à la période médiévale, chose qu'il avait déjà faite dans sa filmographie en 62 avec Le procès de Jeanne d'Arc. Or, ici, il s'agit d'un moyen-âge légendaire et donc fantasmatique puisqu'il s'agit d'une adaptation de la légende arthurienne.
Or, on s'aperçoit tout de suite que ce moyen-âge sera finalement très peu fantasmé, or, n'est-ce pas ce qui fait tout l’intérêt de s'attaquer à cette période ? Ni encore reconstitué (dans la mesure où la reconstitution exacte est possible), ce qui peut constituer le second intérêt de s'attaquer à cette période. Certes, le film est tourné parfois en décors naturels, parfois dans des ruines, mais on voit assez rapidement que la cohérence historique des lieux choisis ne tient pas. De plus, un nombre extraordinaire de plans est ultra serré. Notamment les plans sur les chevaux, on les voit très rarement en entier, ce qui, non seulement est laid, mais donne une impression d'enfermement particulièrement désagréable. Pour ce qui est du choix de l'artiste Luc Simon pour le rôle de Lancelot dont ce sera le seul et unique rôle, il est pour le moins regrettable. On voit bien qu'il ne sait pas jouer, et il avait bien plus de talent en peinture et lithographie. Il en va plus ou moins de même pour les autres comédiens engoncés dans des armures d'un âge postérieur à celui, même si légendaire, décrit dans les livres. Enfin, mentionnons la façon de dire le texte qui est dit presque comme s'il était lu pour la première fois, sans aucune émotion, de manière monotone, contribuant grandement à l'ennui général.
Car le film ne dit rien. S'il a pour sujet l'adultère entre Guenièvre et Lancelot, et le dilemme de Lancelot, non pas tellement entre l'amitié et la fidélité à son roi, mais plutôt entre les deux types d'amour médiévaux, l'amour entre un homme et une femme et l'amour de Dieu, ce thème hautement médiéval n'est que survolé. Le film est pourtant court (1h25 seulement) mais je m'y suis tellement ennuyé que j'ai eu l'impression qu'il durait plus de 2h. Bref, on ressort de ce film avec un profond ennui en se demandant ce qu'il a bien pu vouloir faire avec ce film.
Quelques années plus tard, Rohmer aura la même idée avec Perceval le Gallois que je n'ai pas encore vu. Espérons qu'il n'en sera pas de même ...