Richard Gere symbole même de l'acteur de fiction

J'ai revu ce film il y a quelques jours, porté par le souvenir d'un film plateau-repas qui faisait parfaitement son office. J'ai retrouvé quelque chose de malheureusement bien pire que cela : l'acteur Richard Gere que j'avais oublié.

Ce film est un film qu'on pourrait appeler couramment film de midinette. Comprendre par-là un film fait entièrement pour, et tourner entièrement autour de.
Un acteur principale qui sera beau, déjà célèbre, vaillant, preux, et qui malgré ses erreur sera meilleurs que les autres tout du long, jusqu'à la fin. À l'époque de la sortie de ce film, 1995, c'est Richard Gere qui symbolisait le mieux cette guimauve de fantasme pour jeune fille hétérosexuelle pré-pubère.

Le film s'ouvre sur un homme (qu'on devine incarner le mec beau, très beau même) bienveillant, sur une place de village. Il donne une leçon (aussi humble que probante) de la maîtrise de l'épée et dès les premiers mots, on devine tout de lui. Il est fort, très fort. Il est attentionné. Authentique. Il est de ceux qui savent reconnaître leur faiblesses même si, il faut bien l'avouer, ils savent mieux que les autres faire avec. Bref, un homme totalement en phase avec ses principes et ses émotions. Richard Gere, donc.

Tout au long de ce film tourné semble-t-il pour lui, on aura de cesse de montrer de lui tour à tour, l'idéal masculin qu'il est (sa vie parfaitement indépendante, son autonomie face à la nature – qu'il connait mieux que personne, son manque d'attache qui le rend parfaitement disponible pour le fantasme), sa dextérité toute particulière au combat, son courage, sa fragilité. Les autres rôles du film (parfois pas piqués des hannetons) ne servant qu'à mettre en valeur telle ou telle de ses caractéristiques.
On y voit une Dame Genièvre qui, elle, est visiblement terrassée par la passion qui l'anime dès le premier regard qu'elle pose sur lui, alors que lui (qu'on devine très porté sur la chose de madame) semble au contraire mener la danse allant jusqu'à se jouer semble-t-il de la frustration lorsque madame lui refuse ce qu'il veut. Bref, une dame Genièvre sous le charme de ce mâle qui, en retour, concède une attirance (tout à fait maitrisée) pour cette meuf.
Là dessus, il fait la connaissance ni plus ni moins que du roi Arthur (après s'être distingué publiquement dans un jeu d'adresse sur la place d'un autre village cette fois – on a d'ailleurs assisté avant son essai à quelques ratés de la part de simples paysans protégés, eux, de la tête aux pieds, pour bien insister sur la difficulté/dangerosité du petit parcourt) qui tombe évidemment sous le charme de cet être tout à fait exceptionnel qui ferait presque passer Arthur (élu, je vous le rappelle, par les Dieux eux-même dès son plus jeune âge pour régner sur le royaume de Bretagne grâce à une épée magique) pour un homme simple, ...mais gentil.

Je ne veux pas vous spoiler la fin, mais Lancelot évidemment, s'en tirera avec tout les honneurs. Encore plus fort et profond qu'au début du film, parce qu'il aura appris de ses erreurs.

Ce film est un film. J'y ai vu avec une acuité un peu gênante un homme, acteur de cinéma, gesticuler pendant de faux combats parce qu'un chorégraphe lui a demandé de gesticuler. Répétant des gestes servant à mimer une scène d'action avec des accessoires qui donneront l'illusion sur un grand écran de cinéma. Je n'ai eu de cesse en re-regardant ce film, de voir non pas une histoire, mais bien une mécanique hollywoodienne bien huilée autour d'un petit singe parfaitement entraîné à donner l'illusion. L'illusion de l'amour. L'illusion de la passion. L'illusion de combats "factissement" dangereux. J'y ai vu la négociation de prime d'assurance (ce film contenant des objets contondants avec lesquels l'assureur de Richard Gere ne voudra pas prendre de risque). J'y ai vu le regard Richard-Gerèsque bien connu, son début de sourire type (du mec charmé et charmant mais qui n'est pas décontenancé) qui m'a renvoyé un instant à Pretty Woman et autre film où il est beau dedans.
Bref, à force de faire de Richard Gere un emblème, il en a perdu tout aspect humain. J'ai vu ce film servi par des acteurs plus ou moins bons tournant autour d'un symbole un peu abstrait comme si une grosse bouteille de Coca Cola avait sa propre série télé.

J'ai mis trois étoiles parce qu'il n'en reste pas moins qu'Arthur (Sean Connery) y est très crédible en roi couillu plein de prestance, que Dame Genièvre (Julia Ormond) est parfois touchante, et que c'est un film très bien fait pour ce qu'il doit être. Une romance tout à fait nase à l'eau de rose rance des années 90, pour jeune fille qui lisaient à l'époque des magasines qui n'existent probablement plus aujourd'hui. Comme le pauvre Richard.
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le 16 sept. 2013

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