Edit du 14/11/2018
Un autre classique de mon enfance, possédé en VHS, regardé en boucle Dieu sait combien de fois sur un bon vieux magnétoscope et un écran bien convexe.
First Knight, de son nom original, est la seconde adaptation que j'aie vue de la Légende arthurienne (la première étant Merlin l'Enchanteur) ; et si j'en juge par la moyenne de senscritique, c'est loin d'être la plus appréciée. Même des spectateurs les moins sévères, considérant le film au mieux comme un plaisir coupable.
Loin de moi l'idée de donner tort à la populace tant il est vrai que le film ne brille pas de subtilité. Désavantagé par un faible budget,
n'est point la plus incomprise, est à mon sens une expérience intéressante pour aborder la Légende et ses personnages sous leur aspect le plus "humain" : en effet, loin de la magie et des facéties de(seule référence du matériau de base que je connaissais à l'époque), le film de Jerry Zucker se limite au triangle amoureux Lancelot/Guenièvre/Arthur pour livre une histoire empreinte de morale, de dilemme et de pardon.
Ainsi retrouve-t-on dans le rôle-titre Richard Gere (relancé à l'époque par Pretty Woman), campant un Lancelot du Lac charmeur et sûr de lui, loin du personnage chevaleresque de Chrétien de Troyes mais partageant tout de même les mêmes forces et faiblesses. Face à lui, la ravissante Julia Ormond (vue dans Légendes d'Automne) excelle en Guenièvre tiraillée entre ses sentiments pour Lancelot et son engagement envers Arthur ; lequel est joué par un Sean Connery incarnant avec charisme et justesse un roi vertueux, dont les sentiments à l'égard de son premier chevalier (ainsi que leur changement) n'auraient su être mieux exprimés. Enfin, le cruel Méléagant est joué par le formidable Ben Cross, dont l'air faussement serein et la philosophie basée sur la domination (entrant en opposition avec celle d'Arthur, basée sur l'égalité) ne manquent pas d'en faire un méchant inoubliable. Petite anecdote amusante : on remarquera également au casting la présence de deux futurs acteurs de Game of Thrones, à savoir Liam Cunningham (Ser Davos) et Ralph Ineson (Dagmer Cleftjaw).
First Knight réduit le cadre de la Légende, préférant se consacrer essentiellement à l'amour impossible (et surtout défendu) entre Lancelot et Guenièvre plutôt qu'à la quête du Graal. Celle-ci est très bien menée, tant le duo Ormond-Gere fonctionne très bien à l'écran mais est d'autant plus tragique que la confiance placée par Arthur en son premier chevalier est magnifiquement illustrée. Ainsi, l'homme ayant dévoué sa vie entière à son royaume et à son peuple se tourne vers celui qui n'a connu que l'insouciance et l'absence de toute vertu pour incarner ses valeurs et ses principes. Même si le dénouement semble un peu facile, l'on y croit.
Un beau film que je mettrais entre toutes les mains, en particulier celles des personnes ayant connu cette période fabuleuse qu'étaient les années 90 et souhaitant la retrouver.