« L ' arbre aux papillons d'or » » est une pure merveille qui ne cesse de s'élever dans un long mouvement en intensité. Le début du film se passe à Saïgon, où un long plan-séquence demi_circulaire ouvre le film, il balaie le paysage urbain ou l'action se divise entre ce qui est montré, et une autre, comme parasite, qui se déroule concomitamment également dans le champ. L'image de la ville se déploie de restaurants en sauna jusqu'à l'hôpital, avec ses sons caractéristiques... et ses sonneries de téléphone. La densité de population est frappante, quel que soit le lieu. Le cinéaste, déjà, notamment lors de la scène de massage, met en place une esthétique basée sur un chromatisme simple et un léger flouté de l'image, des plans fixes tirés au cordeau, tant donc au niveau de la composition que de l'utilisation de la couleur. Dieu est partout, dans les conversations, il est même bout du fil... et hantera le film, comme une possible destination, un choix de vie. le personnage principal est en effet incroyant et il vit entouré d'êtres qui le sont. Le film sera le narratif de cette possible retrouvaille avec une foi rédemptrice, sans que cela ne soit explicitement dit. Le personnage recueille deux enfances, un moineau et un enfant, et c'est le départ pour la campagne. La saison des pluies la rend intensément verte et brumeuse. À la faveur d'un enterrement, que l'on suppose se dérouler dans la région natale du personnage, celui-ci retrouve une communauté croyante (catholique). S'ensuit ensuite une longue déambulation, ou plusieurs personnages sont rencontrés à la faveur des aléas de l'histoire en de longs plans séquences qui intègrent également de judicieux champs-contrechamps. Souvent, les maisons seront montrées des deux points de vue : de l'extérieur vers l'intérieur, et le contraire, donnant lieu à des sur-cadrages séduisants. Il y a une forte présence animale, moineau, poissons enserrés dans un curieux petit aquarium de pierre (Jésus-Christ et ses apôtres étaient souvent désignés sous le nom de pêcheurs et figurés comme tels, donc on appela « poissons » les hommes gagnés à la foi chrétienne grâce à leur parole.) , volailles de basse-cour, coq-appât, troupeau de buffles... Parfois l'image se fait abstraite : elle filme comme un trésor les grains de poussière dans la lumière. La prédilection du cinéaste pour des lieux construits par l'homme mais abandonnés serait comme un clin d'oeil à Tarkovski, la beauté est de chaque plan. La nature est luxuriante et appelle à la méditation, à l'introspection. Et au delà de ce constat, le film fourmille de trouvailles visuelles toujours surprenantes. Le personnage principal semble faire des cercles concentriques autour du concept de la foi, de la volonté divine, les choses de la vie et son entourage le ramenant sans cesse à elle. C'est en cela que le film interpelle, par le statut d'étranger que le personnage endosse tout au long du film, et qu'il ne quittera pas vraiment. dans sa vaine recherche du frère, l'environnement finissant par occuper toute la place, terrestre et cosmique, où le personnage se noie. Le film devient visions. Divines ?

abel79
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le 5 août 2024

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