Premier long-métrage de Alexandra Hyland, Las demás (Les autres) pourrait ressembler à une version chilienne et actuelle de 4 mois, 3 semaines, 2 jours, si la cinéaste n'avait pas choisi un traitement bien différent de celui du film de Cristian Mungiu. Qu'on ne s'y trompe pas, pourtant, derrière la forme colorée, côté images, et entraînante, côté B.O, Las demás est une œuvre explicitement politique, autour du sujet de l'avortement au Chili, lequel n'est possible que dans des cas extrêmes et, de fait, reste plutôt tabou, dans une société conservatrice et catholique. Le film fait voler les convenances avec éclat, dans un esprit punk assumé et dans le "dévergondage" et l'insouciance d'une jeunesse au caractère universel : soirées délirantes, abus divers, connexion aux réseaux sociaux, jobs précaires, etc. A tort, peut-être, mais c'est un choix, le monde adulte et les familles y sont quasiment absents. Avec spontanéité et crudité, le film ne varie pas de sa thématique simple à résumer : deux étudiantes proches, l'une est enceinte, l'autre pas, comment résoudre le problème ? Le récit, pas que de façon incidente, est aussi celui d'une amitié solide, dans une affaire de filles qui ne pourrait concerner qu'elles-mêmes mais qui, à l'évidence, touche à des points plus que sensibles, au Chili et ailleurs, du point de vue de la liberté individuelle et du poids des lois qui l'entravent.