Sortie à titre posthume, cette liturgie de néo-SF, du compositeur Jóhann Jóhannsson, se distingue par son caractère artistique mêlant des captations de monuments commémoratifs yougoslaves de la Seconde Guerre mondiale, dans une esthétique monochrome granuleuse fabuleuse (les plans dans la brume sont dantesques), à une bande-son méditative transcendante, et une narration sur l’histoire du futur (expansion cosmique et évolution génétique de l’humanité), adaptée et simplifiant la trame du récit d’Olaf Stapledon, sans pour autant perdre sa portée métaphysique sollicitant une imagination vertigineuse. Dans une aura solennelle majestueuse, les travelings contemplatifs érigent ces mémoriaux à l'architecture atypique, presque alien, comme manifestations de cycles de civilisation révolus. L'approche cinématographique renvoie évidement à Reggio, Fricke ou Lowe, pour créer une œuvre témoin intemporelle, où la bande-son mystique est en osmose avec ces plans à la composition symbolique, ancrant sans mal ce futur spéculatif dans les vestiges de notre Histoire.