Last Christmas est l’enchantement de ce Noël 2019 tant il réussit à panser les cœurs abîmés, à les accueillir au sein de son image élégamment composée dans laquelle s’illuminent mille et une décorations, à leur donner un refuge de la même manière que les associations offrent un toit et un repas chaud à ceux qui souffrent de précarité et de solitude.
Paul Feig donne vie à une œuvre qui rassemble : pour cela, il mêle les registres avec la virtuosité d’un joaillier, passant de la comédie sincère – on rit d’un rire véritable, résultat du rythme comique que le cinéaste maîtrise à la perfection – au drame le plus poignant, il mélange les origines sociales et culturelles d’hommes et de femmes d’abord égarés dans une ville trop grande mais peu à peu réunis par une même attention à autrui, il fait se rencontrer les sexualités, les rapports hiérarchiques, les traditions pour composer un arbre de Noël géant éclairé par l’interprétation lumineuse de ses acteurs et animé par les chansons de George Michael. Enfin un film qui ne tombe pas dans les discours sociétaux pesants ! enfin un film qui représente des personnes en marge sans les caricaturer ni forcer la compassion ! Feig porte sur les sans-abris le même regard que sur les autres personnages ; ils ont le droit au statut de personnages, au même titre que notre duo de tête. Plus de stigmatisation, mais une communion par et dans l’humour et l’amour, en témoigne le discours final de Kate.
Désarmant de simplicité et de sincérité, Last Christmas prouve que le petit film de Noël peut aussi être grand. Une œuvre magique qui raccorde une fête devenue aujourd’hui commerciale à ses valeurs premières qu’il est bon de rappeler en ces temps sombres.