Germain et Lise forment un couple solide dont les nombreuses années de vie commune n'ont fait qu'accentuer la tendresse et la complicité. Mais victime d'un anévrisme, Lise meurt brutalement laissant Germain anéanti. Envahi avec insistance par ses enfants, ses petits enfants et une voisine qui s'inquiètent, Germain s'échappe de cette emprise en honorant une promesse faite à Lise de continuer ce qu'elle a commencé. Après avoir vu ce film j'encourage tous les couples (qui s'aiment) à se faire une telle promesse. Cela doit être un baume extraordinaire à appliquer sur les deuils impossibles.
Germain participe donc aux séances de danses contemporaines auxquelles elle participait. Mais en cachant cette activité à ses proches, il les rend de plus en plus inquiets et intrusifs.
Evidemment il est difficile de voir disparaître dans les premières minutes du film la merveilleuse et trop rare Dominique Reymond même si elle réapparaît fugacement au cours du film. Mais François Berléand, champion de France des seconds rôles est ici la tête d'affiche et contrairement à ce que j'ai pu lire ne cabotine pas dans ce rôle de retraité veuf qui aurait pu se contenter de n'être que bougon et mal embouché. Je l'ai trouvé touchant et particulièrement juste dans l'évocation de sa douleur démontrant que l'on peut souffrir le martyre sans pour autant s'effondrer sur son canapé. Les lettres qu'il ne cesse décrire à sa bien-aimée et qu'il dissimule de manière merveilleuse sont poignantes. Continuer de dire je t'aime à l'amour de sa vie fait un bien fou et le film parle du deuil de façon lumineuse sans jamais verser dans la comédie idiote. Même si l'on sourit parfois, la douleur reste présente. Et Germain tient sa promesse jusqu'au bout et garde ce lien subtil et intime avec sa bien-aimée au risque de se rendre antipathique au reste du monde. Il dit peut-être aussi en creux que le plus bel hommage à rendre à la personne qu'on a le plus aimée (et qui donc est aussi celle qui peut faire le plus de mal) est de ne pas s'effondrer.
A force de côtoyer cette troupe de danse hétéroclite où l'on croise, des jeunes, des vieux, des gros, des maigres, Germain retrouve une forme de gaité ou au moins d'enthousiasme. Lui qui s'enfermait plutôt pour lire Proust (qui venait jusqu'à s'asseoir dans son lit) découvre la joie de faire partie d'un groupe et de mener à bien un travail collectif. La chorégraphe suisse espagnole La Ribot tient ici son propre rôle et propose aux participants des chorégraphies déroutantes dans une ambiance chaleureuse, fraternelle et bienveillante. Secondée par Kacey Mottet Klein ouvert et généreux. On sent que toute la troupe a travaillé d'arrache-coeur pour ce film et l'on aurait d'ailleurs aimé que les scènes de danse soient plus nombreuses et plus longues.
Un très joli film qui fait sourire, rend l'oeil humide mais au final fait du bien.