Evoquant les derniers jours de Kurt Cobain, ce long métrage de Gus Van Sant est attendu au tournant, tant les films biographiques sur les icones musicales tourne trop souvent à la caricature.
Heureusement, c'est Gus Van Sant qui réalise celui ci. A l'exact opposé d'un docu, il choisi ici de romancer à fond son récit, conservant le squelette de ces quelques jours mais en les habillant à sa vision. Et c'est clairement un choix osé, puisqu'on se retrouve sans préambule à errer derrière ce personnage froid, marmonnant et complétement défoncé, au grès des pièces d'un manoir crade et tout aussi froid. Le talent, c'est de réussir à nous le rendre attachant, nous plongeant comme dans Elephant dans cette solitude et cet enfermement sourd et pesant avec une justesse assez exceptionnelle.
Le tout est habillé d'une photographie parfaite, aussi morose que son récit, dont l'absence de saturation évoque elle aussi ce vide qui grandi en Blake, parfaitement interprété par Michael Pitt.
Les choix artistiques, tant musicaux que pour le cadrage, sont aussi finement choisi. De cette scène de création cadrée en plan fixe seulement accompagné d'un long dé-zoom, ou de ces scènes qui se répètent quasiment à l'identique mais dont les variations en changent totalement la perception, tout est juste et maitrisé. Très bonne idée aussi de ne pas s'accaparer le travail de Nirvana, et de créer des morceaux originaux qui s'accordent bien mieux aux situations.
Il n'y a pas grand chose à jeter ici (en faite rien), même si il faut rapidement faire le deuil du documentaire que ce film n'est pas. Inspiré par ces jours tragiques, Gus Van Sant livre ici une œuvre originale, d'une justesse à couper le souffle.