Vous le sentez, ce parfum de terroir jaillissant de cette guitare sèche et ses trois accords authentiques comme du bon pain ? Volute sucrée des récompenses du quotidien, celles qui se méritent et s'obtiennent à la sueur d'un effort consenti. Labor Day - ou la "fête du travail" aux USA - est une leçon de choses, hélas distillée avec la finesse du forçat. Ce dernier se prénomme Frank, taulard évadé trouvant refuge chez une MILF avec ado à charge. L'hôte est d'abord perçu comme une menace, avant de gagner la connivence du fils et l'amour de la mère. Dans cette bicoque vieillissante du Massachusetts rural, Frank va vite se révéler multi-tâches. Coup de ponceuse sur un passif pour le moins encombrant, qui empêchait jusque là cette famille éclatée de se construire à nouveau. L'allégorie est facile, surannée. La sauce prend malgré tout. Tant bien que mal, oserais-je.
Josh Brolin et Kate Winslet sont tout à fait convaincants, y a pas à dire. La pelloche est soignée comme tout. Le film m'a happé, et bien plu en définitive. C'est juste que chépa, y a comme un air de vouloir trop bien faire, de surligner le naturel au galop. Au début c'est tutoriel sur l'appétence sexuelle, caution nature & découverte, pour bien préparer le terrain. On nous balance des allusions pas simples à saisir, telle la pâte qu'on malaxe à quatre mains. Ensuite c'est un alléchant travelling qui dore au four en compagnie d'une american pie baignée de lumière en provenance directe de Corée du Sud, pour symboliser le si beau fruit de cette union dans l'ouvrage.
Au bout du compte, Frank se fera choper. Toute la symbolique du "Labor Day" se trouve finalement cristallisée dans le jour de sa sortie de prison, celui qui consacre l'amour inconditionnel, et dans le retour auprès d'Adele, restée seule après tant d'années, guettant patiemment la libération de cet homme qui n'aura jamais cessé de séjourner dans son âme. La conclusion est à la hauteur de l'album (presque) éponyme d'Aesop Rock, clairement.
Le come back furtif de Vernon Schillinger, bien avant Whiplash, c'était cool aussi.