Loin des standards des productions studios, Last house on Dead End Street fait partie des reliquats du cinéma underground américain des années 70, véritable école de la débrouille et source inépuisable de bizarreries. Formellement assez chiche à première vue, la faute à un budget qu'on imagine rachitique, le film séduit petit à petit par son côté cathartique assumé : le premier rôle, celui d'un metteur en scène raté de "films pour adultes" qui, sorti de prison, prêt à se venger des personnes ou des représentants du système qui ne lui ont pas fait confiance en montant un snuff-movie dont ils seront les protagonistes, est joué par le réalisateur du film lui-même, Roger Watkins, qui a (dans la vraie vie) fait carrière dans les films pornos, horrifiques et, de façon générale, bizarres.
Tourné par une équipe entièrement sous pseudonymes (et durant une partie du film, masquée), Last house on Dead End Street joue à fond la carte de l’ambiguïté (la limite entre scènes filmées et scènes "réelles" est floue) et du réalisme glauque. Ainsi, les acteurs sont globalement laids, ainsi que la photographie, les scènes érotiques et les décors, renforçant le malaise général, tandis que les excès gores de la fin brillent par leur audace plus que par leur réussite technique.
Doté d'une énergie étrangement punk (le film étant assez lent) et d'un certain sens de la théâtralité, Last House... cherche par tous les moyens possibles (bande-son, dialogues, gore) à hérisser le poil du spectateur et à ruer dans les brancards de l'industrie cinématographique de l'époque. Tout ce beau monde est pervers, obsédé par le fric et prêt à toutes les saletés possibles pour attirer le chaland dans les salles obscures. Il est à ce titre amusant que la première victime soit un aveugle, et que le dernier survivant soit occis d'un bon coup de perceuse dans le globe oculaire.
Blindé d'images marquantes (les masques transparents, le faciès grimaçant de son acteur / réalisateur, ...) Last house on Dead End Street... ne plaira pas à tout le monde, de par ses faiblesses indéniables dans le montage, l'interprétation, etc...mais parlera aux amateurs de films "autres", tendance "crapoteux".