L’année 2021 riche en contenu filmique ne cesse d’accroître son catalogue d’excellent long métrage à l’ambiance aussi bien stellaire que terrestre tout en naviguant dans une mer salée que sanglante. Tel est le cas en cette fin de mois octobre que sort dans les salles sombres le dernier film du réalisateur britannique Edgar Wright que je nomme ici Last Night in Soho. Un voyage entre les temporalités d’une époque londonienne riche en révélations qui s’offre un panache des plus mouvementés dans les nuits rougeâtres d’une rive en fête. Amateur des années folles et des Swinging Sixties, bienvenue à vous dans ce qui pourrait bien être votre dernière nuit. Une aventure des plus classiques lançant notre héroïne à la recherche du bonheur musical fusionnant l’esthétique au style. Un périple au bout d'un pays où la naïveté d’un individu peut rapidement le plonger dans ses pires tourments ou seule l’échappatoire d’une danse au café du coin en est clé du salut. Thomasin McKenzie alias Éloïse plonge dans ce qui semble être le renouveau d’un genre et celui d’un mode de vie affectueux dans lequel elle se superpose avec une ancienne idole à la beauté magistrale que l’on nomme Sandy, son nom de scène et qui après le beau temps, la pluie ronde sous les derniers moments d’éclaircies d’une âme en peine. Une expédition qui va alors se transformer en un véritable cauchemar titanesque et les nombreuses péripéties et rencontres vont former un puzzle où la pièce se trouve peut-être au fond de nous-mêmes.
En soi, cette première partie narrative montre avec excellence l’entrée au valhalla d’un personnage sans vraie confiance en soi et qui malgré les problèmes persistant de l’être humain, évolue avec son environnement et semble prends enfin goûts à la vie active des grandes villes macabres. Les premières nuits bleutées à la rougeâtre d’un néon d’hôtel navigue entre une entrée musicale des plus remarquable, reflétant même la beauté auditive des années 60 tout en se glissant à travers les nombreux travellings qui pimente de plus belle les différentes séquences scénaristiques avec élégance et brio. Un premier pas dans ce qui semble nous être une parfaite harmonie entre les différentes forces des couleurs qui elles même reflètent le bien du mal avec comme principal plan de la chambre du protagoniste. Les nuisances d’une goutte de sang semblent malheureusement influencer le destin tragique d’une deuxième partie qui suit la logique d’un registre propre à lui-même et poussent toujours plus haut la barre avec une atmosphère horrifique et dramatique où la question du féminisme frappe à toutes les portes. Le rouge semble être la domination du récit et celle-ci se constitue sous la plus belle forme d’un patriarcat hors de contrôle et dominante à tous les étages où la question d’une époque qui semble sans défaut en cache sûrement les pires spectres de notre monde. Il faut voir au-delà du message porter par son réalisateur, le film nous informe d’une fausse idéalisation d’une époque future rêvant à cette même question qui persiste depuis chaque génération dans lequel le passé serait forcément mieux que le futur proche. Une réponse réaliste et pertinente nous offre enfin la vérité d’un temps où les droits sont les mêmes, mais à doser avec une difficulté plus coriace et sans défense réelle dans lequel enterrer le passé doit en être la conviction d’un futur meilleur. Les séquences ne seraient rien sans sa photographie à couper le souffle qui s’illumine encore dans les esprits et ses jeux de couleurs qui retranscrivent parfaitement le temps d’une époque à travers cet âge d’or de la musique. La colorimétrie et son étalonnage sont au petit soin pour le spectateur et son immersion roule avec splendeur sur les différents personnages à l’écran. Mettant en scène principalement les acteurs et actrices Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy et Matt Smith sous le feu des projecteurs, la performance artistique n’est aujourd’hui plus à défaire et les mises en scène reflète une nouvelle fois le professionnalisme que nous offres le panel d’acteurs à travers les 2h de visionnage de plus en plus intense. Les jeux de corps volant sous l’audition musicale de Anya Taylor-Joy procurent une jouissance auditive pour nos tympans et une visuelle électrique des plus plaisants. La beauté de l’art nous fascine avec un jeu de corps sensationnel qui touche les émotions de chacun en y important une touche indescriptible, mais transcendant pour chacun de nos sens. En soi, une fascination pour l’étrangeté qui se conclut dans une révélation pour le corps humain et sa psychologie.
En conclusion, Edgar Wright nous propose une fois de plus son talent pour le 7e art à travers cette nouvelle mésaventure scénaristique sous le signe d’une esthétique irréprochable à faible dose de jumpscare pour les plus peureux d’entre nous. Une mise en scène franchement réussie qui s’entoure du meilleur, comme du pire pour ce qui semble être le film d’auteur à visionner absolument. En peut lui reprocher quand même une finalité assez facile et une touche de comédie un peu trop présente, mais il n’empêche que ce sont quelques brèves carences n’enlève en rien face aux nombreuses richesses aussi bien sonores que visuelles.
Était-il vrai que c'était mieux par le passé ?
8,5/10