Critique sans spoilers.
Edgar Wright revient avec un thriller d'horreur dont le but est de nous trainer en plein cœur de Londres, nous exploser la rétine avec des néons et nous torturer un peu psychologiquement.
On peut dire que l'exercice est assez nouveau pour Wright, qui nous ne a pas habitué à ce genre de composition, au regard de sa filmographie globale. Personnellement dans son parcours, il y a des films que j'ai pris énormément de plaisir à voir et d'autres qui m'ont laissé sur ma faim.
Aujourd'hui, c'est bel et bien une bonne grosse claque que nous met celui qui a donné vie à Scott Pilgrim au cinéma.
Last Night in Soho est maitrisé de bout en bout. C'est une sorte de mélange cohérent entre Black Swan et le Shining de Kubrick, saupoudré d'une influence Mike Flanagan*-esque* tout à fait bienvenue. Chaque plan qui se succède est une surprise et le film foisonne d'idées et de mise-en-scènes à vous en faire perdre la tête. Le scénario ne sera pas le plus gros point fort du film même s'il nous embarque dans une aventure haletante, mêlant sordide, mystère, folie et horreur. Le personnage joué par Thomasin McKenzie est bien écrit, c'est un exemple en matière d'écriture sobre mais pertinente, les choses sont peu dites mais bien dites ce qui nous permet de nous connecter à elle sans une exposition dantesque de tout son background et de chacune de ses moindres pensées. Il n'y a pas pléthore de personnages mais ils sont tous importants à leurs manières, participant de près ou de loin à édifier une structure tangible au film, qui ne vacille à aucun moment.
Lorsque l'on s'attend à ce que Last Night in Soho se prenne les pieds dans sa propre intrigue, ce dernier retombe sur ses pattes pour mieux nous prendre à revers.
Visuellement, le film est une véritable gourmandise comparable à un met au chocolat noir à l'arrière-gout subtilement amer mais délicieux. Et soudainement, vous croquez dans un cœur framboise acidulé qui vous envoie dans la stratosphère. C'est la définition même d'un film à voir au cinéma (même si la formule parait pompeuse). Les néons c'est du vu et revu oui, et rien que l'affiche du film vous en donne un bon avant gout, mais ils sont utilisés de façon intelligente, participent à l'élaboration d'une ambiance qui souffle le chaud et le froid, une ambiance qui se joue de nous et nous fait vaciller entre rêve et cauchemar.
La bande son est vibrante, en accord avec le ton, soutient totalement le propos du film et porte les scènes. Elle est choisie avec brio, jongle entre les tubes des années 60 et les compositions originales du film parfaitement taillées pour l'ambiance, quand ce n'est pas elle qui l'a façonne.
Les seuls point négatifs du film seront attribués respectivement à l'actrice principale qui ne délivre pas un jeu totalement convaincant tout le long du film, et au twist final qui bien qu'amené avec intelligence peu peut-être en laisser certains sur leur faim.
Malgré tout, le travail effectué sur la psychologie de son personnage fait énormément penser à ce qu'on peut voir dans le Black Swan de Aronofsky, sans tomber dans le plagiat ou le manque d'inspiration, Wright adapte une torture psychologique à hauteur des ambitions de son film. Et ça fonctionne diablement bien.
Pour conclure sans trop en dire, Edgar Wright signe un très bon film envoutant, enivrant et inquiétant. J'ai été conquis, envouté et j'ai déjà hâte de le revoir. C'est peut-être un film qui ne parlera pas à tout le monde et j'en suis désolé pour eux.
En vrac, j'ai aimé
- L'ambiance
- Anya Taylor-Joy, incroyable comme d'habitude
- La bande originale
- Une économie de moyens pertinente
- Un scénario haletant et intriguant
- Diana Rigg, pour toujours et à jamais
J'ai moins aimé
- Thomasin McKenzie capable du meilleur mais aussi du pire dans ce film
- Aurait mérité d'être légèrement raccourci
- Des effets spéciaux très brièvement cheap pendant certaines scènes