Sorti en 1944 aux Etats-Unis, Laura est un petit bijou du film noir. Contrairement au "Château du Dragon", Gene Tierney ne se contente pas d'être belle et se révèle parfaitement convaincante en femme d'affaires ambitieuse. Deux hommes sont amoureux d'elle : le premier est un playboy sans le sou incarné par Vincent Price, et le second est un vieux dandy célèbre qui a largement contribué au succès professionnel de la jeune femme. Mais voilà, Laura a été sauvagement assassinée dans son appartement il y a de cela quelques jours, et l'inspecteur McPherson est chargé de l'enquête. Deux questions se posent alors : qui l'a tuée, et surtout, pourquoi ?
Le doute plane, et un à un, on soupçonne tous les personnages. "C'est lui le tueur ! Ah mais non, c'est l'autre, suis-je bête ! Quoique, ça pourrait bien être celle-là"... Personnellement, je n'avais pas ressenti ce sentiment de suspicion permanente depuis la sortie du premier Scream, et on ne peut que rendre hommage à Otto Preminger pour avoir si habilement distillé le suspense tout au long de son film. La dernière scène est à ce propos incroyable de tension.
Au rayon technique, le noir et blanc est splendide, la musique de David Raksin est envoûtante, et les dialogues ciselés en vieil anglais apportent un certain cachet à ce long métrage qui n'en demandait pas tant. Franchement, Otto Preminger est proche du sans-faute, et si je devais pinailler, je pourrais juste lui reprocher d'avoir choisi Dana Andrews pour le rôle de l'inspecteur de police : à côté du trio magique que j'ai cité plus haut, cet acteur manque légèrement de présence à l'écran, mais ce film n'en reste pas moins un incontournable des années 40.