En quelques lignes :


Dans les années 1990, Laurence annonce à Fred, sa petite amie, qu’il veut devenir une femme. Envers et contre tous, et peut-être bien eux-mêmes, ils affrontent les préjugés de leur entourage, résistent à l’influence de leur famille, et bravent les phobies de la société qu’ils dérangent. Pendant dix ans, ils tentent de survivre à cette transition, et s’embarquent dans une aventure épique dont leur perte semble être la rançon.


Et en un peu plus :


Laurence est un homme
une femme
un poète
une poétesse
qui aime Fred,
une femme,
mais c’est un nom d’homme, non ?
Laurence a la voix grave
et la peau douce
les cheveux longs
les cheveux courts
Laurence en errance à Montréal
Laurence en silence et dans le bruit sur l’Île au Noir
Laurence en talons hauts qui chute bien bas mais se relève
Laurence qui se révèle et se rêve et se cache car on le regarde trop
ou pas assez
Laurence qui aime Fred
qui ne l’aime plus
ou l’aime encore
Fred qui aime un autre
parce qu’elle ne parvient pas
encore
ou plus jamais
à accepter l’Autre
Laurence qui sort du cadre,
est coupé par le cadre,
viré par ses cadres,
dans un format carré qui se décadre
Laurence : homme ou femme ?
Anyways.


Laurence Anyways est un opéra, un portrait, deux portraits, une épopée, une tragédie qui finit bien, un film d’amour, de retrouvailles, de séparation, un défilé, un film trop long, un film trop court. Laurence Anyways agace, émeut, transporte, heurte, bouillonne, commotionne, se contorsionne, se transforme. Mais aussi, et peut-être surtout : Laurence Anyways est un film qui ne se lasse jamais d’interroger avec intelligence notre rapport à la normalité. Ainsi, quand une journaliste demande à Laurence ce qu’il recherche, on ne peut s’empêcher de voir dans sa réponse, en creux, le propos que le jeune réalisateur Xavier Dolan ne semble cesser de tenir depuis ses premiers films : « Je recherche une personne qui comprenne ma langue, et qui la parle même. Une personne qui, sans être un paria, ne s’interroge pas simplement sur les droits et l’utilité des marginaux, mais sur les droits et l’utilité de ceux qui se targuent d’être normaux. »

FenêtresSurCour
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Créée

le 1 mars 2019

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