« Personne ne peut porter longtemps le masque. »
Après J'ai tué ma mère et Les Amours Imaginaires, il est convenu, grâce à la splendide fresque que constitue Laurence Anyways, d'affirmer que Dolan est un surdoué.
Certes, son esthétique "clipesque", son amour inconsidéré pour les ralentis, ses bandes-sons qui parviennent à rendre une scène quotidienne follement dramatique, la lenteur et parfois la longueur de ses films peuvent déplaire. Ces spécificités sont autant d'aspects, qui, portés à leur paroxysme dans ce troisième film, peuvent constituer un obstacle à l'appréciation du spectateur.
Pourtant, Dolan relate ici, et admirablement, dix ans d'amour et de vie, en 2h40 de plans aux lumières saturées et aux contrastes exacerbés. Sur tout les fronts, réalisateur, scénariste, dialoguiste, monteur, chef costumier, Dolan transmet le sentiment que ce film, c'est lui. L'incarnation qu'il intègre à sa mise en scène et à ses personnages est criante de vérité, une vérité qui dérange. Dolan est de ces réalisateurs qui forcent l'admiration par leur maîtrise et leur perfectionnisme.
Toute personne qui a vu ce film au cinéma aura surement constaté la désertion de la salle par quelques spectateurs réticents; le cinéma de Dolan s'aime ou se déteste. Il est extrême, comme les personnages qu'il met en scène, comme lui, pour qui la mesure n'est pas.
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