Dolan l'aimé et le malaimé
Lorsque je lis les commentaires sur Xavier Dolan, il y a d'une part ceux qui crient au génie, et puis tous les autres qui se moquent, parlent de cinéma prétentieux. Ce mot "prétentieux" je n'ai jamais su ce que cela voulait dire au cinéma, il faudra que l'on m'explique....
Remettons les choses un peu à leur place. A moins de 20 ans il avait déjà sortis deux long métrages. Son premier film "J'ai tué ma mère" il le tournait il avait 18 ans!!!! (Film qu'il a produit, réalisé et dans lequel il est l'acteur principal....) Et a 19, il commençait "les amours imaginaires". Quels réalisateurs peuvent se venter de commencer une carrière aussi jeune et avec autant de succès? Et surtout imaginez vous, revoyez vous a 18/19 ans et pensez au thèmes que vous auriez abordé à cet âge, a votre façon de voir le monde....
Je me souviens quand je l'ai découvert avec "j'ai tué ma mère", je me suis dis directement ouh la la la la la ce petit Dolan, il a tout d'un petit prodige, il va falloir le suivre de très très près. Quelle justesse, quelle fougue, quel esthétisme. Le cadrage, les champs, contre-champs, les dialogues, la musique, il avait déjà tout d'un grand. La suite avec "les amours imaginaires" m'a tout autant subjuguée. Là je me suis dis que non seulement il avait du talent mais aussi beaucoup de goût, et des choix musicaux absolument magiques. La musique comme rôle principale a part entière, il a tout compris ce Dolan.
Alors certe, oui, ses films sont truffés d'imperfections, oui il y a énormément de tic de réalisation trop poussés, il en fait beaucoup, trop peut-être, il ne peut encore s'empêcher de s'inspirer de ses idoles, il se cherche.... Mais, ne soyons pas de mauvaise foi, il faut savoir reconnaître le talent, le talent pure, le vrai, la où il se trouve.
La toute première scène de Laurence Anyways m'a fait peur, très peur, je me suis dis qu'il allait copier/coller "les amours imaginaires" avec tous ces plans de dos... Heureusement ce fut juste un petit rappel, mais Dolan a grandit, mûris aussi, ça se sent, et ce tout le long du film... La première moitié du film, j'ai eu du mal a rentrer dedans, et puis et puis.... je ne sais pas très bien à quel moment, à partir de quelle transition pourtant oh combien maladroite, j'ai eu le déclic, un petit frisson même, à partir de ce moment et ce jusqu'à la toute dernière scène, je suis restée bouche bée, complètement admirative sur TOUT! Encore une fois les plans magnifiques, la musique magistrale, ce petit côté rétro que Dolan aime tant, la justesse des acteurs, l'intensité dramatique, cette réalisation aérienne, rêveuse et poétique qui nous perd parfois pour mieux nous retrouver. Et puis, surtout, on commence a y voir une ébauche d'un style propre, d'une touche Dolan, autant au niveau de la réalisation, que des thèmes abordés (les questions sur la différence biensur et la sexualité mais je pense aussi par exemple a la relation mère/fils qui semble être un thème cher à Dolan voire teinté d'un traumatisme vécu lol pauvre maman Dolan :D). Je suis conquise par cette œuvre, une œuvre encore très imparfaite pourtant mais tellement touchante!
Je suis totalement convaincue que Dolan fera partie des grand réalisateurs de notre siècle, c'est une évidence, et une évidence très rare..... Je n'ai qu'une envie c'est de continuer a suivre ce petit prodige du cinéma, qui avec un peu plus de maturité et de vécu personnel va nous réaliser d'ici quelques années un chef d'œuvre absolu qui mettra enfin tout le monde d'accord, j'en suis intimement persuadée, wait and see!