Swan, producteur de disques riche et célèbre recherche une musique divine pour faire l’ouverture de son club ‘le Paradise’. Winslow Leach, compositeur naïf, se fait voler sa cantate rock par un Swan qui lui fait miroiter un contrat en or. Défiguré alors qu’il tentait de détruire son œuvre, Winslow Leach endosse les habits du Phantom et hante les couloirs du ‘Paradise club’. Séduit par Swan, le Phantom signe un contrat de son sang et promet de s’atteler à l’écriture d’une œuvre rock magistrale que produira Swan.
A première vue, Phantom of Paradise se place dans le genre pop opéra de l'époque. On pense biensur tout de suite aux autres films pop opéra du genre comme "The Rocky Horror Picture Show", ou encore aux films de Ken Russell "Tommy" ou "Lisztomania", tous pourtant sortis après le film de De Palma. Ce film n'eu d'ailleur pas un énorme succès a sa sortie et il faudra attendre d'autres films de De Palma pour qu'il se place enfin au rang de film "culte".
Phantom of Paradise de Brian De Palma est arrivé à un moment où la pop cessait d'être juste de la musique et se transformait en spectacle, quand le talent n'était plus juste respecté comme tel mais devenait un produit, traité, maltraité parfois et utilisé pour des intérêts uniquement commerciaux par les vautours de l'industrie. On est en plein dedans. S'appuyant sur Faust et Frankenstein, Dorian Gray et le Fantôme de l'Opéra, ce film est une satire libre et loufoque se déroulant dans le monde grand guignolesque du rock 'n' roll. Phantom of the Paradise est une méditation sur le mercantilisme qui pervertit toute œuvre artistique. De Palma avoue lui-même se trouver au centre d’une société capitaliste dont il rejette les valeurs mais dont il ne peut se dépêtrer. Comme il le dit lui même: "traiter avec le diable fait de vous un démon". A travers le personnage du fantôme, De Palma s’interroge sur la place de l’artiste dans un monde capitaliste.
Au delà de l'aspect engagé de ce film, son esthétisme, son rythme burlesque, cette bande son signée Paul Williams (également acteur principal du film) est a faire pâlir de jalousie toute l'industrie musicale de l'époque mais aussi celle d'aujourd'hui, on est la dans du grand art! Sur Phantom of the Paradise, Paul Williams décline différents genres musicaux : la Pop, la Surf Music, le Glam-Rock, la Folk. Il écrit des chansons inspirées de groupes ou chanteurs comme les Beach Boys, Alice Cooper, David Bowie, Kiss, Janis Joplin ou encore les Who. Certaines scènes sont aussi folles, puissantes, jubilatoires qu'hypnotisantes. Je pourrai par exemple me remettre en boucles les passages avec Phoenix, interprétée par Jessica Harper, le premier rôle de cette actrice au charisme fou que l'on retrouvera plus tard dans le merveilleux "suspiria" de Dario Argento.
Un opéra-rock hors-norme, un film-monstre dans lequel De Palma s’amuse comme un petit fou à brasser de nombreuses influences et inspirations. On y retrouve donc de nombreux clins d’œil comme des références au "Cabinet du Docteur Caligari" ou encore la scène de la douche de "psycho"
Une farce indémodable, toujours aussi puissante 40 ans après sa sortie. De par son ambiance, la folie qui s’en dégage, la beauté de sa musique, la mise en scène outrancière de De Palma, sa photographie baroque et sa critique virulente du monde de la musique et du show-business, Phantom of the Paradise peut être considéré comme une œuvre majeure dans l’histoire du cinéma.