On le sait, on le sent.
Dolan a mis une part de lui-même dans ce projet.


Preuve d'une maturité qui ne cessera de bluffer les cinéphiles du monde entier, "Laurence Anyways" est l'illustration complète mais pas totalement aboutie de la patte du prodige québécois.
Mais à trop le vouloir personnel, le film en devient abscons.
Les accusations de prétention souvent attribuées (à mon sens à tort) à son auteur viennent peut être de ce sentiment de "laissage de côté". Le spectateur semble un intrus, une présence gênante à l'élaboration du film. On ne comprend pas les personnages, leur but, leurs dialogues (pourtant extrêmement bien écrits)...
Que veut ce film ?


L'esthétique est remarquable ; qu'elle nous plaise ou non on ne peut que s'agenouiller face à un tel sens de la photographie, du cadre, de la couleur, de la lumière...
Trop poussée, littéralement saoulante et fatigante, celle-ci tend à certains moments à transformer le film en clip géant.
Comme tout Dolan, la musique a une place première, et couvre tout, tout le temps. A un tel point que, sur presque trois trop longues heures, on en vient à savourer les moments de silence, toujours furtifs et alourdis de non dits.
Le propos est très étrangement traité, mais heureusement le film n'est jamais plaidoyer. Dolan sait parler de ce qui lui est cher, développer son opinion sans assommer le spectateur, le forcer à aller dans son sens et heureusement sans jamais délaisser sa matière première qu'est le cinéma.


Oscillant entre grand n'importe quoi et délicieuse histoire d'amour rocambolesque et extravagante, entre overdose d'esthétisme et dosage parfait, entre longueurs pesantes et scènes bousculées, le film emprunte tous les chemins, même les plus fous, même les plus incompréhensibles, même les moins efficaces et finit par nous perdre petit à petit.


Palette démesurée et déséquilibréedes talents de l'artiste, "Laurence Anyways" résulte pourtant d'une originalité, d'une pugnacité et d'un amour du cinéma intrinsèque qui ne peut que prêter à l'admiration.

Créée

le 14 mai 2015

Critique lue 232 fois

1 j'aime

Charles Dubois

Écrit par

Critique lue 232 fois

1

D'autres avis sur Laurence Anyways

Laurence Anyways
Before-Sunrise
8

J'ai pas menti, j'ai juste rien dit

Laurence est un homme et Fred une femme. Dès l’intitulé, il y avait déjà de quoi tilter. Le couple vit une histoire d’amour assez intense et d’une incroyable complicité. Lui est prof de lettres, elle...

le 9 juin 2013

108 j'aime

10

Laurence Anyways
MrShuffle
9

Le genre humain

C'est l'histoire de deux humains qui s'aiment. L'un est persuadé d'être une femme et l'autre aussi. Comme la biologie en a décidé autrement, des complications vont voir le jour à cause de la société,...

le 19 juil. 2012

87 j'aime

19

Laurence Anyways
Sergent_Pepper
6

Un homme e(s)t une femme.

Dolan a 23 ans, et a posé son style sur ses deux premiers films : la radicalité sans concession du conflit émotionnel dans J’ai tué ma mère, l’attrait pour un regard générationnel dans Les amours...

le 25 nov. 2014

58 j'aime

4

Du même critique

Au boulot !
Charles_Dubois
7

"On prend sur soi."

Il y a au départ la petite histoire qui donne son origine cocasse au film : la rencontre, tumultueuse pour le moins, de François Ruffin avec Sarah Saldmann, chroniqueuse sans grande finesse du...

le 2 oct. 2024

19 j'aime

Les Blues Brothers
Charles_Dubois
5

Critique de Les Blues Brothers par Charles Dubois

Film emblématique d'une génération, The Blues Brothers n'a pas réussi à me convaincre. En tous cas pas totalement. Certes je n'ai pas passé un mauvais moment, j'ai même ri franchement à certains...

le 29 déc. 2015

18 j'aime