Le précédent film de Xavier Dolan, « Les amours imaginaires » nous avait séduit par son esthétisme pop, ses plans ralentis, étirés, baignés par une ambiance musicale entre new wave et chanson rétro cheap. C’est donc avec pas mal d’espoir que nous attendions ce « Laurence Anyways ».
Laurence, admirablement interprété par Melvil Poupaud vit un amour passionnel et romantique au sens classique du terme avec Fred, jouée par Suzanne Clément, jolie révélation d’ailleurs. Tout semble idyllique jusqu’au jour où soudainement, Laurence décide de changer de sexe, ou plutôt de devenir la femme qu’il aurait toujours dû être. On pense alors avoir à faire un film sur la différence et l’acceptance or on se rend vite compte que là n’est pas le propos principal du film mais que Xavier Dolan tient plutôt à nous montrer cette magnifique histoire d’amour d’un couple qui se déchire et tente désespérément de se retrouver.
On retrouve l’ambiance pop, new-wave, à la bande-son tapissée de boucles électro lourdes et suaves qui nous avait tant emballées dans « les amours imaginaires ». La photographie est magnifique, chaque plan est une peinture et l’on est heureux que Dolan continuent à les étirer pour avoir le temps de les admirer. Les couleurs pastel des années 90 dans lesquels Dolan a choisi de placer son histoire lui conviennent parfaitement. Bref Xavier Dolan n’a rien perdu de son art, apprend de mieux en mieux à le maîtriser et réussit à l’étendre sur 2h47, dans un film parfois foutraque, mais aux dialogues ciselés toujours justes, d’une beauté insolente.