Vous vous souvenez des animations en 2D flash qui pullulaient durant les années 2000 ? Ou encore, ces mèmes dessinés sur Paint à l'humour absurde et cynique ? LAVA se trouve un peu dans le sillage de tout ça, saupoudré de références aux comics et du culture Internet.
Je n'aime pas la formule "public averti" mais j'estime qu'elle est pertinente dans ce cas-là. Que ça soit l'esthétique ou bien l'humour, je ne pense pas que ce film soit à mettre entre toutes les mains. Cela dit, je doute très fortement qu'il nous parvienne un jour, donc bon. Satyre idiote de notre mode de vie parce qu'idiot à la base, Ayar Blasco montre parfaitement la puissance comique de l'animation.
En tuant par exemple ses personnages puis, les protagonistes se rappelant qu'ils sont dans un film d'animation, les fait revenir à la vie dans la séquence d'après.
Cependant, Lava n'arrive pas à éviter certains écueils.Tout d'abord, il semble oscillé entre le sérieux de son sujet (notre rapport aux écrans, la marginalité) et la façon dont il le traite. Ainsi, le récit patine un peu une fois le décor planté. Cela donne une impression assez étrange lorsque le générique débute (merveilleusement accompagné en musique !) car le film paraît s’inscrire dans le mauvais format. En effet, une durée plus courte aurait permis de gommer certains passages superflus accordant un rythme plus soutenu ou bien plus long sous forme de série aurait de son côté garanti un travail plus sérieux au niveau des personnages. Ensuite, bien que réellement drôle, Lava ne peut pas s'empêcher de faire "des ruptures de tons" que ça soit pendant les séquences d'action ou bien lors des dialogues. Cette propension à se reposer sur cette ficelle comique gâche un peu les vannes car elles finissent par être évidentes. Enfin, Ayar Blasco se réfère beaucoup aux mythes dans sa narration, les sémiologues seront ainsi ravis, mais il reste difficile de savoir où il se place par rapport à ces derniers ? Est-ce qu'il s'agit d'une vraie base sur laquelle le récit s'appuie ? Ou bien les tourne-t-il en dérision juste pour le plaisir ? Il est vrai que l'idée que notre monde ne puisse être sauvé uniquement par dermatos ou des tatoueurs est géniale, cela dit.
En dépit de ces quelques défauts, LAVA est le digne l'enfant argentin d'un humour à la South Park. Irrévérencieux et raboteux, on ne peut pas dire que le réalisateur reste dans une zone de confort. Présentant un réel fond, il est dommage que l'intrigue complètement barrée ne contente que de la surface.