Jésus, Abraham, Moise, Mahomet ou comment David Lean surjoue le Surhomme !
Malgré la valeur épique et grandiose de ce film on ne peut pas dire que j'ai été très réceptif aux aventures de Lawrence. Que l'on soit d'accord, esthétiquement parlant - RIEN A DIRE - je confirme son statut de chef d'oeuvre. Les couleurs, la photographie, les paysages, les plans magnifiquement composés, les costumes, les trouvailles techniques ( filmer un mirage) sont au rendez vous et on ne peut que se laisser aller à la contemplation de ce péplum géopolitique. Ce qui me dérange très profondément est le jeu de Peter O'Toole, un jeu surfait et agaçant. Le héros incarné est fragile et sanguinaire à la fois, un mec qui tergiverse beaucoup sans qu'on trouve rien à lui redire, un intello-idéaliste-pédant et excusez moi mais efféminé a contrario de l'archétype de ce type de personnage. Certes. Pourquoi pas, innovons mais le couperet fut le mysticisme excessif que D. Lean lui donne et cela sans la moindre présence féminine ou alors en très arrière-plan. Le seul plan potentiellement sexuel est suggéré et homosexuel. On voit bien que Lean tente de nous dire quelque chose de manière sous-jacente mais quoi? Je n'ai pas vraiment compris quoi ! Si je sais bien mais il reste vague et ambiguë. La peur de la censure? On voit bien que ces hommes se battant pour leurs idéaux s'aiment, se disent des mots doux, s'admirent (O'Toole et Omar Sharif, les deux gamins serviteurs de Lawrence etc...) se touchent et pleurent. Mais était-ce vraiment le sujet ici ?
Bref, O'Toole surfait du regard et des postures religieuses. Les dialogues m'ont laissé de marbre et reste pour moi des plus ridicules "- C'était écrit- Non rien est écrit d'avance !" Plus niais tu meurs! Lawrence d'Arabie me fait penser à ces héros que le vieil Hollywood à vénérer dans Les Dix Commandements et autres avatars à la mode au box office de l'époque. Une sorte de Surhomme Nietzschéen censé nous questionner sur le sens du destin. Le choc du traitement fut lorsque, ce film qui parle quand même d'une situation que l'on ne connaît pas, c'est à dire le contexte politique en Orient (De la Libye à l'Arabie Saoudite en passant par la Syrie actuelle) durant la 1ère Guerre Mondiale ne s'attarde que très peu sur l'Histoire. D.Lean empêtrée à la vénération de son héros de pacotille oublie l'essentiel même d'un véritable grand film épique et reste sur la même ligne alors que bien même il nous coltine 3h36 de peloche plus entracte dans sa version inédite. Il n' approfondit pas le sujet de ce conflit et c'est bien même dommage pourtant l'homme n'est pas idiot - La fille de Ryan- un autre de ses chefs d'oeuvre est juste, profond et magnifique. Je n'ai pas encore vu sur le Pont de la Rivière Kwai. Un jour peut être et j'espère ne pas être déçu cette fois-ci.