Le 13e est difficile à noter... je pense qu'il mérite son 7 avant tout car c'est un des très rares documentaires grand public sur le sujet. Pour autant la forme laisse clairement à désirer : c'est cheap, amateur presque, mal monté, voire même structuré.
Je ne sais pas si le problème vient d'un manque de budget ou d'échéances trop courtes mais le produit fini ressemble plus à un brouillon, sans réelle direction, dans lequel sont juxtaposés façon rapid fire les rushs de diverses interviews. Les intervenants ne sont jamais présentés, ce qui me semble une erreur fondamentale pour un documentaire qui se veut grand public, et leur discours - souvent vague, toujours superficiel - n'est que rarement étayé de chiffres ou citations sourcées. Plutôt que de flasher un panneau "CRIMINAL" (qui devient rapidement fatigant) à chaque fois que le mot est prononcé il m'aurait semblé plus judicieux d'appuyer le discours de certaines références qui, pourtant, existent et sont reconnues comme fiables. Le spectateur n'est pas encouragé à réfléchir aux sujets abordés, le montage ne le lui permet pas de toute manière, et doit se persuader de la bonne foi de ce qui lui présenté... ce qu'il fait puisqu'il est probablement déjà sensibilisé à ces problèmes (de racisme surtout, mais pas que) s'il fait le choix de regarder ce documentaire. Je trouve dommage que les méthodes de communication employées par les conservateurs américains (affirmations péremptoires, martèlement, rythme effréné...) soient employées ici pour, entre autres, les décrier...
Le 13e veut brasser large : oppression systémique, "war on drugs", lobbying, loopholes juridiques, environnement carcéral, violences policières... c'est un but louable mais ambitieux, qui nécessite un traitement minutieux et une structure solide. En l'état, il manque au documentaire une vraie ligne directrice qui permettrait aux différents sujets de se répondre, en s'articulant les uns par rapport aux autres, plutôt que d'être survolés, de manière à la fois chaotique et superficielle. D'ailleurs, cette superficialité aurait pu être (en partie) évitée, et ce sans rallonger le documentaire, par un meilleur montage et une meilleure direction - là encore - puisque plusieurs infos sont répétées de nombreuses fois par différents intervenants à différents moments ; il était tout à fait possible d'élaguer et d'employer au mieux le temps ainsi gagné.
De loin, le 13e ressemblerait presque à un film de propagande... de mauvaise qualité qui plus est. Il est heureusement sauvé par son message et par le fait qu'il est capable de mettre le doigt sur d'importants et réels problèmes de sociétés. Je suis simplement triste de voir que c'est là toute la considération qui leur est accordée.