Ce documentaire montre des Etats-Unis d'Amérique qui n'ont jamais su et jamais voulu intégrer le peuple noir dans leur culture. Après des siècles d'esclavagisme, la guerre de sécession n'a pas sonné le glas de la maltraitance des noirs. Juste après l'abolition de l'esclavage, les gens de couleur sont essentiellement présents dans les Etats du sud. A peine libérés, ils sont traqués et arrêtés, le plus souvent pour des motifs futiles, comme le vagabondage. Condamnés à des peines de travaux forcés, ils retournent à l'asservissement, cette fois avec les fers aux pieds.
Dès 1877, soit à peine 12 ans après la fin de l'esclavage, les Etats du sud promulguent des lois (ironiquement baptisées Jim Crow, ce nom désignant péjorativement un noir) qui instaurent un genre d'apartheid, où blancs et noirs sont séparés que ce soit dans les transports en commun, les restaurants ou les écoles. Pour être en accord avec la constitution, ces règles ne fixent pas de hiérarchie entre les races. Mais ce silence est hypocrite et dans les faits les noirs sont ghettoisés, stigmatisés, réduits à la pauvreté et au final, exclus de la société. Exemple d'une loi Jim cross en Alabama : Aucune personne ou société n'exigera de n'importe quelle infirmière féminine blanche de travailler dans les salles d'hôpitaux, publics ou privés, dans lesquels des Noirs sont placés.
En 1915, le film "Naissance d'une nation", véritable apologie du racisme et panégyrique du Klu Klux Klan, montre les noirs comme des criminels voleurs et violeurs qu'il convient de punir en les lynchant. Pour rendre la justice immanente du KKK plus spectaculaire et plus cinématographique, le réalisateur invente "La Croix de feu" qui sera reprise par le groupe de suprématistes dans la réalité. Conséquence, le triple K, quasiment moribond, renaîtra de ses cendres après le succès populaire du film. Les lois Jim Crow ne seront abrogées qu'en 1964.
L'incarcération de masse prend la suite de la longue liste des sévices infligés au peuple noir. Au nom de la lutte contre la drogue, plusieurs présidents américains mettent en place des politiques extrêmement répressives qui font passer la population carcérale de quelques centaine de milliers à deux millions trois cent mille détenus. Les noirs sont particulièrement visés et leur proportion dans les prisons est sans commune mesure avec celle qu'ils ont dans la société états-unienne. Le corollaire de cette criminalisation des noirs est l'augmentation des exactions policières à leur encontre. Les images dévoilées dans le reportage sont parfois insoutenables.
Bref, un témoignage accablant et bouleversant sur la condition des noirs aux Etats-Unis qui ne semble malheureusement pas s'être amélioré récemment.