La Légende de Beowulf

Sachez avant tout que Le 13ème Guerrier est un film hybride, ayant subi une production des plus chaotiques et l'une des pires post-prod qu'il soit. Intempéries multiples, désaccords entre John McTiernan et Michael Crichton, remontages intempestifs, scènes retournées par Crichton himself, le film, d'une durée initiale de 2h30, se retrouve amputé de 45mn. La version diffusée en salles est très bonne en soi, cette histoire d'Arabe mêlé malgré lui à une horde de Vikings barbares afin d'éliminer des cannibales tueurs s'avérant tout à fait regardable voire plaisante.

Tourné en décors véritables, avec des armes et des costumes fabriqués main, le film arrive à être suffisamment nerveux et frôle l'extase visuelle. Ceci dit, on est loin - très loin - de ce qu'aurait dû être le huitième long-métrage de McTiernan : une œuvre longue, épique, violente, complète, une aventure historiquement vraie alternant entre les écrits d'un poète arabe et la légende de Beowulf. Une œuvre sans coupes inutiles (Ibn apprend la langue des Vikings en une nuit...) ni faux-raccords aberrants (la démonstration d'Ibn à cheval alternant entre la pluie et le beau temps...), à la narration progressive et cohérente et non accélérée comme dans le montage final.

Rappelons d'ailleurs que les quinze premières minutes du film sont honteusement raccourcies comparé aux 50 minutes filmées. Ainsi, le voyage initiatique éprouvant d'Ibn ne se fait plus du tout sentir à l'écran. Au final, Le 13ème Guerrier est un long-métrage bâtard, oscillant entre la vision de l'écrivain-producteur et celle de son réalisateur. Heureusement, le spectacle est néanmoins sauf ; McTiernan, fidèle à lui-même, réussit à conserver l'essentiel dans ce qui aurait pu être l'un de ses meilleurs films.