Graine de héros

Ceci n'est pas un film sur l'attentat déjoué du Thalys, qui n'occupe que 20 minutes de film. Le 15h17 pour Paris s'attache aux trois américains qui ont risqué leur vie pour sauver celles des passagers du train. C'est fort louable mais sans véritable intérêt car ces américains moyens -ce sont les véritables protagonistes qui jouent leurs personnages- n'ont aucune particularité si ce n'est d'avoir été des gamins chahuteurs et indisciplinés. Il est évident que si Eastwood a pris ce parti de raconter l'enfance de ces garçons, c'est qu'il n'avait pas suffisamment de matière pour l'acte terroriste lui-même mais aussi parce que c'était une bonne façon de conjuguer son thème favori : comment la graine de héros vient à germer. D'un autre côté, la démonstration n'a rien de convaincant malgré la lourde insistance du réalisateur à tirer des enseignements de quelques faits et gestes du trio, à l'école donc, puis à l'armée, comme s'ils avaient été programmés, malgré eux, à devenir des "sauveteurs de l'humanité." Mais ceci n'est rien au regard d'une très grande partie du film où les trois américains découvrent une partie de l'Europe au gré d'un voyage interminable, à l'écran, sous forme de carte postale mettant en valeur Rome, Venise, Berlin et Amsterdam. On se perd en conjectures sur la valeur de ces longues scènes qui n'apprennent rien sur la psychologie de jeunes hommes s'amusant comme n'importe quels types de leur âge. Il y a même un faux suspense concernant Paris qu'ils ne sont pas loin d'éviter vu le peu de politesse de ses habitants (sic). On est assez loin du Thalys de 15h17, non ? Seuls points positifs : l'interprétation et la reconstitution de la tentative terroriste. C'est tout.