Quand le cinéma russe nous raconte sa « 317ème section », son Indochine, son Viêt-Nam ou son Algérie à lui. En trois parties ce film nous fait d’abord vivre du dedans l’ambiance réaliste, brutale, pied-de-porc mais bon enfant d’un groupe de jeunes enrôlés et entrainés dans un camp de l’extrême en vue d’aller faire la guerre en Afghanistan. Puis on la fait sur place, à travers eux, dans son vécu, sa rustrerie, ses missions mortelles, ses crimes idiots de tous bords, et une complicité adaptative qui soudain ne fait plus l’ombre d’un doute dans le groupe d’amis. La dernière partie du film nous embarque enfin dans le massacre authentique de l’opération Magistral en 1988, où cet escadron de jeunes pantins devait absolument sécuriser la colline afghane dite 3234, alors que la Perestroïka avait déjà décidé du retrait des troupes.
Cette fresque de plus de deux heures n’a rien à envier à Hollywood dans son réalisme sidérant, violent, choquant, extrême, stupide, et à mille lieues d’une quelconque gloire patriote. Le film dénonce l’obsession imbécile d’un pouvoir politico-militaire qui s’acharne à envoyer sa jeunesse se faire faucher sur un front pourri dès le départ, la désillusion des survivants qui réalisent ce que trahison et abandon signifient, et surtout les traumatismes, seuls fruits possibles de cette horreur.
Le seul héroïsme est accompli par ces jeunes clowns issus pour la plupart de la misère russe et auquel le film est manifestement dédicacé.