Les casse-pieds ne sont pas une invention moderne. Je pense même qu'ils ont toujours existé. Partout. Dans toutes les sphères.
Yves Robert et Jean-Loup Dabadie nous en présente une ribambelle accrochée aux basques d'un vétérinaire dont finalement le grand tort est d'éprouver de l'empathie pour les autres qu'il s'agisse de ses clients, ses amis ou sa famille. Entre la sœur omniprésente et collante, la copine qui ne peut s'empêcher de causer au lit, l'ami qui a toujours des problèmes avec ses maîtresses ou ses épouses, le convive qui sait tout et accapare l'attention ou l'invité qui est "un doctrinaire du désespoir", on dispose d'une belle brochette de spécimens. Et encore, j'ai oublié le voyageur en avion égoïste ou le gars qui passe son temps au téléphone ou le maître d'hôtel omniprésent.
Pour ramener le débat à ma petite personne, je dois convenir que j'échappe à pas mal de casse-pieds du fond de ma campagne et de ma retraite. Il n'y a rien de tel pour normaliser les relations …
Et pourtant, même chez moi, il y en a d'autres, des nouveaux casse-pieds, intrusifs comme les gens qui vous vendent des contrats mirobolants au téléphone (en moyenne, 3 fois par jour sur le fixe qui ne sert plus qu'à ça), les journalistes à la télé à toujours se délecter de remuer la merde et les pubs envahissantes sur internet… Et je dois en oublier …
Le film d'Yves Robert est un peu monté comme un film à sketches où chaque casse-pied qui déboule devient la vedette pendant quelques minutes devant un excellent Jean Rochefort blasé mais poli qui reste à l'écoute car il n'a jamais su ou voulu fermer sa porte. Le film est une succession de numéros d'acteurs. Et je dirais que pratiquement tous les acteurs habituels des comédies des années 90 sont là. Jacques Villeret, Guy Bedos le "doctrinaire du désespoir", ancêtre du complotiste, Valérie Lemercier excellente en madame "je sais tout sur tout", Jean Carmet, Victor Lanoux, Claude Brasseur en dragueur, Miou-Miou, Jean Yanne, Jean-Pierre Bacri, Michel Piccoli, etc
On finit par saturer avec certains casse-pieds plus chiants que d'autres et moins drôles. Mais de temps en temps, il y a un portrait d'un casse-pied plutôt bien croqué.
Film sans prétention, un des derniers d'Yves Robert, gentillet et surtout intemporel qu'on regarde avec un œil attendri. Ah, c'était le bon temps !
À vous dégoûter d'être gentil …