Film cathartique par excellence, ce Bal des maudits produit 13 ans après la fin de la 2e guerre fait partie de la pléiade d'oeuvres (cinématographiques, littéraires ou musicales) qui ont participé à digérer (ou au moins à pré-digérer) l'impensable.
Classé dans les films de guerre (par le pitch et l'affiche trompeuse) ce film n'est pas un film de front. On y voit peu de batailles, peu de morts, pas d'exactions sanguinolentes. Le scénario, plus axé sur la psychologie de ces personnages, fait entrer crescendo le spectateur dans la tourmente intérieure de ces hommes invités par l'histoire avec un grand H à trancher entre "morale" et "devoir". Revenant sans cesse au "pourquoi", le scénariste s'économise le sensationnalisme des images violentes et contourne avec assez de finesse le "comment".
Mais une demie heure de moins et on évitait probablement quelques lieux communs inutiles. La vie de caserne et ces gros durs, les blablas répétitifs entre Dean Martin et sa colombe qui insiste lourdement sur la prétendue lâcheté de son homme pas très emballé à l'idée d'aller mourir pour des pays "qui seront probablement alliés dans quelques années"...
Beau film au global, belles intentions universalistes, mais quelques longueurs de cinéaste gâté qui, forçant le trait, caricature parfois son discours. Un peu comme Marlon Brando dans ce beau rôle d'officier allemand qui en fait trop dans quelques scènes... Mais bon, c'est Brando quoi !
Mais si vous devez ouvrir votre carnet de bal, inscrivez ce film dans la liste de vos cavaliers (Clift, Dean et Brando : y'a pire !). Ce trio masculin pris dans les méandres de la seconde guerre mondiale mérite quand même une maudite danse. Vous aurez bien le temps de regretter après, ou pas... ou presque !