On l'aura compris à la lecture de mes chroniques de films ou de livres, le genre horrifique, avec plus ou moins d'hémoglobine, n'est pas vraiment ma tasse de thé. Ça ne l'a d'ailleurs jamais été. Un genre découvert peut-être trop tard quand j'étais étudiant. Sauf.
Sauf ce film de Roman Polanski parce qu'il y a un je ne sais quoi à la fois burlesque, parodique et même légèrement sensuel dans un genre qui a ses propres codes et ses exigences (en matière d'hémoglobine, de cris et de terreur). Bon, n'exagérons pas non plus, car il y a quand même quelques autres exceptions dans le domaine du cinéma d'horreur comme "Shining" de Kubrick mais pour d'autres raisons.
Revenons à Polanski. Déjà, ça commence bien avec le titre original savoureux "The Fearless Vampire Killers, or Pardon Me, But Your Teeth Are in My Neck" qui donne une certaine tonalité préventive au film. Bon, le titre français n'est pas spécialement honteux en la matière puisque donne une idée plutôt réjouissante du monde des vampires.
Puis, ça continue par une première scène désopilante de ce couple improbable, un universitaire, Ambrosius, avec des allures de professeur Nimbus et son assistant, Alfred, un jeune homme plein de bonne volonté mais supérieurement maladroit. Tandis que l'un se bat contre des loups (affamés) qui attaquent la voiture, l'autre est carrément congelé. À l'arrivée, à l'auberge tout le monde s'empresse de proposer une solution pour décongeler le professeur…
Le film distillera les scènes horrifiques et les scènes plus burlesques où, par exemple, le fils du comte drague le jeune jouvenceau, Alfred. Ce qui m'amène à parler du casting.
Le professeur est interprété par un Jack McGrowran assez sensationnel dans le genre complètement allumé. J'aime bien Polanski dans le rôle de l'assistant Alfred qui physiquement parait très jeune alors que l'acteur a 34 ans. Je le trouve d'ailleurs assez bluffant dans son jeu de jeune puceau étourdi mais dont les yeux trainent un peu trop sur les corsages bien remplis au risque de se prendre une calotte … La scène de la fuite devant le fils du comte aux tendances homo, dans la galerie du château est assez irrésistible. Et puis, bien sûr, il y a la somptueuse Sharon Tate dans le rôle de la fille, fausse ingénue, de l'aubergiste. Evidemment, Polanski en tombe éperdument et aveuglement amoureux. Bien entendu, le professeur et lui vont tenter de l'extraire des griffes des vampires dans une mémorable course-poursuite entre un cercueil et la voiture à cheval.
J'aime bien aussi la mise en scène dans ces paysages enneigés et désolés de Transylvanie (tournés dans les Dolomites …) ou dans les intérieurs gothiques du château ou de l'auberge avec les chapelets d'ail ou de saucissons au plafond. Cette mise en scène permet de crédibiliser les bases du film et assure un effet comique parce que les dialogues des personnages en paraissent encore plus décalés et loufoques.
Au final, "le bal des vampires" mélange, avec talent, l'horreur et l'ironie et assure un bon divertissement …