The Naked Dawn
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Et alors les portes du Ciel s'ouvriront devant toi. Saint-Pierre te prendra par la main et il te montrera toutes les merveilles du Paradis. Et tu sais ce qu'il te dira, Vicente? Il dira : "Vicente, mon fils. Ceci est ta terre."
Le Bandit est un film fascinant, inattendu et passionnant pour le genre westernien. Un western à petit budget qui dépayse totalement sortant des artifices américains (chose étonnante pour son année de sortie : "1955") dans lequel on ne trouvera aucune niaiserie, ni de côté innocent, ni de romantisme facile. On quitte le souffle de grandeur, les aventures chevauchant au soleil couchant, la profondeur des grands espaces majestueux, pour se concentrer sur quelque chose d'à part n'ayant non plus rien à voir avec le genre Italien. Si vous êtes à la recherche d'un western d'aventure avec de grandes chevauchées ainsi que des duels aux colts épiques, alors vous êtes à la mauvaise porte. Par contre si vous recherchez un film intimiste et intelligent favorisant l'originalité et la dureté de son récit alors vous êtes au bon endroit. Une oeuvre audacieuse et unique signée Edgar G. Ulmer se concentrant avant tout sur l'humain.
Le Bandit présente un récit riche sur les faux-semblants, prenant le temps à travers des séquences absorbantes d'examiner les aspects fondamentaux du comportement humain. Une intrigue rude et amère où chaque élément est à sa place, aucune scène en trop, ni de ralentissement dans le propos. Tout est fait pour enrichir les rapports complexes entre les personnages à travers des dialogues excellents. Le ton est intelligent, manipulant avec facilité le spectateur qui se retrouve plus d'une fois pris par surprise. La mise en scène est riche de sens, proposant des scènes marquantes comme celle dans la taverne avec son rythme endiablé; la mise à nu émotionnellement puissante entre le bandit et la femme battue; ou encore son final retournant et abrupt. On peut compter sur la composition musicale assez remarquable d'Herschel Burke Gilbert qui appuie efficacement les séquences et amène un contraste très étonnant mais clairement volontaire sur le dernier plan.
Le film est étonnamment et positivement féministe amenant un propos sans filtre sur la servitude et la place des femmes à cette époque, où le plus souvent elles valaient moins que des porcs. L'abus fait sur la femme est présenté sans jamais détourner la caméra devant les actes de violence. Le discours fait autour de la vie de femme au foyer qui équivaut à celui d'une prisonnière est subtil, nuancé et juste. La place de Dieu est fortement mise en avant en présentant un contexte troublant sur les cruautés de l'homme pourtant au service de la parole du divin qui pour son propre enrichissement personnel se détourne de cette lumière en y trouvant malgré tout une raison suffisante comme pour se donner bonne conscience. La loyauté, l'amour, la compassion, le courage, la justice, la famille prennent une forme totalement différente et surprenante sous la réalisation d'Edgar G. Ulmer.
Les trois personnages principaux sont émotionnellement captivants, représentant tous des Hispaniques, fait là aussi inhabituel pour un western américain des années 50. Le jeu des trois comédiens est fabuleux. Arthur Kennedy sous les traits de Santiago "le bandit" est remarquable, il incarne un homme libre comme le vent aimant cette vie de vagabond. Eugène Iglesias en tant que Manuel Lopez est incroyable dans le rôle du fermier gentil et passionné par son métier. Ce qu'il y a de fabuleux avec ces deux personnages c'est qu'ils sont fortement contrastés en montrant une autre forme bien moins magnifique et cliché. Enfin vient la comédienne Betta St. John qui m'a surpris de bout en bout dans ce rôle bien en avance dans son temps surtout pour son genre.
CONCLUSION :
Le Bandit réalisé par Edgar G. Ulmer est une oeuvre brutale, intimiste, vibrante, sensationnelle et touchante, d'un type différent représentant encore aujourd'hui un western unique en son genre.
Moralité à contre-sens 100% garantie!
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes « WESTERN ! » : classement du meilleur au pire des films du genre et Les légendes du western 4 : Arthur Kennedy
Créée
le 30 oct. 2020
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24 commentaires
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