Le Bandit
7.5
Le Bandit

Film de Edgar G. Ulmer (1955)

"Le bandit" est un western réalisé en 1955 par Edgar G. Ulmer, réalisateur américain d'origine autrichienne dont je n'avais vu qu'un autre film, le Chat Noir - 1934, plutôt dans un registre fantastique.
C'est un western très curieux et passionnant par la liberté de ton, à mon avis, inhabituelle dans les films de cette époque. C'est une espèce de fable morale dans laquelle les héros s'interrogent sur leur raison d'être, sur la morale de leurs actions, sur les objectifs qu'ils poursuivent. La terre, la possession de la terre est un sujet central dans ce film qui se déroule au Mexique, pays aride et où peu possèdent de la terre.
Le bandit, joué par Arthur Kennedy est un loser, passé au travers de toutes les révolutions mexicaines sans en tirer le moindre profit, capable de violence (c'est quand même un bandit) mais aussi doté d'un grand sens moral et, j'ajouterai, de bonté, ce qui est inhabituel dans un western. Quand il rencontre la délicieuse Betta Saint-John, que j'ai découvert dans ce film, on s'attend au pire mais pas du tout, il se comporte en ainé, en ami prévenant et même, va l'aider à porter son seau d'eau… Impensable dans un western où les rôles hommes/femmes sont très codifiés. Quand Betta Saint-John veut partir avec lui vers des villes magnifiques, vers une vie plus festive, vers l'aventure, il change brusquement de registre et lui raconte sa vie détestable, ses contraintes et ses misères.
Le mari de Betta Saint-John est, à sa façon aussi un loser. Lui, a pu acheter de la terre mais, sans eau, sans argent, il ne parvient pas à se débrouiller. Il montre un caractère veule et malgré ses principes religieux très stricts, brutalise sa femme. Entraîné par le bandit, il pourrait même, finalement, accepter de voler et n'est pas si loin de vouloir tuer.
Seule Betta Saint-John montre un caractère de femme volontaire. Jusqu'alors, son existence baignée d'un gloubiboulga religieux qui tient plus de la superstition que de la morale, était passée d'un état d'esclave vendue avec la terre à celui d'épouse soumise du nouveau propriétaire. L'arrivée du bandit lui ouvre des horizons et des perspectives et refuse ainsi le manque d'égards et le manque d'ambition de son mari. Elle envisage de fuir avec le bandit qui la dissuade puis finit par accepter car comprend sa solitude et son désespoir. Ce début de fronde exercée par Betta Saint-John, sera sa façon de rebattre les cartes de la vie qui fera qu'elle acceptera de se réconcilier avec son mari et qu'ils partiront ensemble vers une vie meilleure.
Film réalisé avec peu de moyens, très court (80 minutes) mais d'une densité remarquable étant donné le nombre de sujets abordés.

JeanG55
9
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le 31 mai 2020

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