La 1ère heure de film est exigeante tant le récit reste opaque et la mise en scène figée. Ce n’est qu’après ce délai que le film dévoile sa pleine puissance.
La mise en scène est en effet de plus en plus libérée et devient mouvante, offrant des travelling et des plans séquences dont on pourrait se délecter infiniment.
Et le récit dévoile sa profondeur, tournant autour de cette question : peut-on décider d’effacer les aspirations d’une femme, l’enfermer dans son rôle de mère et d’épouse, sans l’effacer définitivement ? Et sans s’effacer soi-même ?
Le cadrage millimétré offre, tout au long du film, aussi bien des plans d’une beauté insolente (le prêtre qui redescend la colline suite à l’enterrement) que d’une froideur effrayante (ces usines qui apparaissent comme des monstres de ferraille), faisant écho à la bande originale absolument glaçante et mystique.
Elle aussi met du temps à réapparaître, mais me permettra de me souvenir de l’impact de la scène centrale du film pendant longtemps.
Toutefois, le flashback du dernier tiers semble trop explicite en comparaison au reste du récit et vient un peu ternir son mystère et sa teneur métaphorique que je trouvais jusqu’alors bien plus évocateur.
Je reste toutefois très hanté par ce film et ce qui s’en dégage, autant esthétiquement que symboliquement, et de la même manière que dans Le Retour, je termine ce visionnage entouré de fantômes.