Polar melvillien
Polar melvillien par excellence, Le Bar du téléphone met en scène trois générations de gangsters et autant de comédiens. Avec un casting aux petits oignons porté par un Daniel Duval qui n’a eu,...
le 1 févr. 2024
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Polar melvillien par excellence, Le Bar du téléphone met en scène trois générations de gangsters et autant de comédiens. Avec un casting aux petits oignons porté par un Daniel Duval qui n’a eu, étrangement, que trop rarement l’occasion d’être tête d’affiche, des seconds rôles aussi renommés et épatants que François Périer, Julien Guiomar ou Georges Wilson, et une nouvelle génération très prometteuse (Christophe Lambert, excellent, et Richard Anconina), le film tient là son premier point fort évident. L’interprétation est remarquable et dessine des personnages retors qui fait la richesse de l’ensemble. Dans son atmosphère grisâtre qui rappelle évidemment Le Cercle rouge dont le film s’inspire beaucoup (voir son affiche), le film dresse un portrait désespéré et mélancolique d’un monde qui s’en va : celui des gangsters d’honneur et des flics manipulateurs pour céder la place à une nouvelle génération plus incontrôlable.
Le résultat a vraiment de l’allure et on comprend mal comment ce film, pourtant estimé, reste aussi méconnu. Échec public à sa sortie, il a semblé longtemps pénalisé par son absence d’une vraie tête d’affiche, ce qui est totalement injuste. Illustration de cette hypothèse, le film a connu un regain d’intérêt quand Christophe Lambert a accédé à la notoriété. Un regain retombé comme un soufflet, ainsi qu’en témoigne le peu de diffusion télévisuelle d’un film qui n’a jamais eu les honneurs d’un prime time sur une chaîne majeure. Dommage pour ce film vraiment bien maîtrisé qui alterne dialogues acérés autour de jeux de dupes orchestrés par les différentes parties, et scènes d’action sèches et fulgurantes qui témoignent d’une violence difficilement contenue par l’ensemble des personnages, le tout porté par une merveilleuse composition de Vladimir Cosma.
Réalisé en 1980, à un moment charnière du polar français où le classicisme d’un Melville allait être chassé par un néo-polar moins élégant et plus électrique, le film est un excellent témoignage de cette passation de témoin d’une génération à l’autre. On peut franchement regretter qu’il s’agisse du dernier film de Claude Barrois qui, après l’échec du film, n’eut d’autre choix que de se tourner vers de l’alimentaire à la télévision.
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le 1 févr. 2024
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